La mission Xylella fastidiosa de l'INRA de Montpellier va se rendre en Corse

La bactérie Xylella fastidiosa identifiée en Corse est encore mal connue des chercheurs. Ils ont besoin de savoir avant tout de quelle souche il s'agit et quels sont les insectes potentiellement vecteurs pour la combattre. L'INRA de Montpellier envoie, début août, une équipe en mission en Corse.

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Pour mieux comprendre la bactérie Xylella fastidiosa, qui décime notamment les oliviers, une équipe de l'INRA-Montpellier se rendra à la demande du ministère de l'Agriculture à Propiano, en Corse-du-Sud, du 3 au 7 août.
Constituée d'une biologiste moléculaire, Astrid Cruaud, et d'un entomologiste, Jean-Yves Rasplus, spécialiste de Xylella fastidiosa, cette équipe devra déterminer si la souche Corse est la même que celle qui ravage l'Italie.

Questions aux 2 chercheurs de Montpellier : Qu'espérez-vous apprendre en vous rendant en Corse?
Réponse: "Nous allons ramasser le plus possible d'insectes vecteurs potentiels et les séquencer pour savoir quels sont ceux qui propagent la maladie, ceux qui hébergent la bactérie tueuse, et s'ils peuvent la transmettre - car certains peuvent l'avoir sans la transmettre. On a des a priori sur les espèces concernées, ce sont des cicadelles capables de sucer la sève des plantes en atteignant le xylème, les vaisseaux au coeur du système. Il s'agit de sortes de cigales voire de cigales. Rien qu'en Europe, on dénombre 55 espèces suceuses de xylèmes, donc 55 tueurs possibles.
On n'aura les résultats des analyses que fin septembre-début octobre. Mais il est important de ne pas se laisser surprendre par la dynamique des populations au printemps prochain.".

Q: Une fois connu, l'insecte responsable peut-il être éradiqué?
Q: "S'il s'agit de cigales, vous comprenez que toute lutte insecticide est impossible! Des insectes, il peut y en avoir partout, on ne va pas déverser des tombereaux de produits dans la nature. Il faut trouver d'autres méthodes de lutte, comme le contrôle biologique, afin d'empêcher la bactérie de se répandre. On peut ainsi empêcher l'insecte vecteur de se reproduire. En Italie par exemple, ils incriminent la cicadelle Philaneus spumarius. Nous connaissons un parasitoïde des oeufs, une petite guêpe capable de pondre dans ses oeufs pour les détruire.
L'autre méthode consiste à identifier les plantes hôtes de l'insecte vecteur et à les éliminer des oliveraies par la tonte, le brûlage et un léger labour sous les arbres. C'est du ressort de l'agriculteur.".

Q: Est-on sûr que la bactérie tueuse identifiée en Corse est la même que celle qui dévaste les oliviers des Pouilles, en Italie?
R: "C'est ce que nous devons savoir, car pour le moment nous n'en sommes pas sûrs du tout. Les résultats des analyses en cours sur ce point seront connus rapidement, d'ici une dizaine de jours.
Mais il faut modérer ses peurs en la matière: il existe cinq sous-espèces qui, au total, visent 300 plantes. Pour le moment, la seule identifiée en Europe, dans les Pouilles, est la pauca, dont on sait qu'elle menace l'olivier et l'amandier dans sa région d'origine, l'Amérique Centrale.
La haie de myrte contaminée à Propriano, plantée en 2010, a même pu être contaminée avant et la maladie rester latente pendant cinq ans. Mais le plus probable est qu'elle a reçu la maladie d'un vecteur qui se balade. Et c'est alors plus grave.".

Propos recueillis par Anne Chaon - afp
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