"Voilà trois ans que j'attendais de vraies questions" a lancé Nikola Karabatic au procureur cet après midi. La salle attend toujours de vraies réponses après l'audition des deux frères champions de handball. Seule réalité tangible, l'un a parié, l'autre pas.
La salle d'audience était de nouveau comble pour entendre les deux stars du handball français Nikola Karabatic et son frère Luka.
Nikola Karabatic a expliqué qu'il était blessé le jour de la rencontre contre Cesson le 12 mai 2012. Le capitaine blessé depuis 3 mois s'entraînait un peu à l'écart des autres et pensait aux Jeux olympiques.
Il a affirmé devant le tribunal de Montpellier avoir été "très en colère" en apprenant que certains de ses proches avaient effectué des paris sur un match de son club en 2012.
Pas un seul instant, je n'ai pensé que ce match avait été truqué", a dit le champion olympique, du monde et d'Europe.
Interrogé sur le retrait le 9 mai 2012 de 1.500 euros, la somme correspondant à la mise du 12 mai de sa compagne, le joueur, qui évolue aujourd'hui au FC Barcelone, a expliqué qu'il avait eu un besoin de "liquide" pour de petites vacances à Ibiza avant les JO, devant payer notamment à l'arrivée la location du logement en espèces.
Interrogé sur l'application Parions Sport téléchargée sur son smartphone, Nikola Karabatic a expliqué que lui et sa compagne Géraldine Pillet utilisaient régulièrement le téléphone l'un de l'autre. Il a aussi insisté sur le fait qu'il conduisait au moment où Géraldine consultait ce site pour connaître la cote du pari qu'elle voulait placer.
Enfin, sur l'horaire de la majorité des paris, tous passés autour de 10H00, considéré par l'accusation comme le moment où un "top-départ" a été donné, Nikola Karabatic a affirmé qu'il n'avait pas d'explication, refusant fermement d'émettre "des hypothèses".
On en a plus appris sur l'affection que porte Nikola à Géraldine que sur la capacité du capitaine d'une équipe prestigieuse à maîtriser les penchants parieurs de certains de ses joueurs.
"Voilà trois ans que j'attends de vraies questions" s'est offusqué l'International de handball en s'adressant au procureur.
Vous ne pouvez pas vous en tirer tout le temps en passant par la porte de secours", lui a rétorqué le procureur Patrick Desjardins.
Luka le parieur
Le champion en impose par sa carrure et l'huissier est obligé de remonter le pied du micro quand il prend la parole devant le tribunal. Luka Karabatic a parié, espère gagner 8 500 euros et son grand frère s'est mis en colère."Je veux tenter un bon coup explique Luka et je parle avec Enzo (Di Guardo) qui me conseille la cote, le moment pour parier.
Il entraîne sa compagne dans l'aventure en pariant à Paris.
"Vous prenez le risque de mettre votre fiancée dans la boucle en lui demandant de parier en même temps que vous. Elle avait une belle carrière à la télévision" estime le procureur.
"Elle avait une grande carrière à la TV , oui, mais ce n'était pas Claire Chazal... Elle a une petite notoriété " répond Luka Karabatic
La salle sourit.
"Vous allez avoir un sacré pactole pour Ibiza" disait Jennifer.
Luka Karabatic explique que les gains étaient pour lui. Il ne s'agissait pas de faire grossir la cagnotte qu'il gérait et qui sert au financement du voyage de fin de saison.
Il évoque enfin la grosse colère du grand frère devant ce qui apparaît à travers ses mots comme une grosse bêtise. Luka décrit la tempête médiatique, "le pire moment de sa vie". Mais c'est son avocat qui glissera les mots faute et éthique.
Au total, 16 personnes comparaissent depuis lundi à Montpellier accusées, à des degrés divers, d'avoir pris part à l'arrangement du match Cesson-Montpellier pour placer des paris portant sur le score de la rencontre à la mi-temps, qui ont rapporté quelque 300.000 euros de gains, au détriment de la Française des jeux.
Mladen Bojinovic sera entendu ce jeudi au quatrième jour du procès. La première mi-temps sera visionné cet après-midi et commenté par les experts.