L'utilisation de mâchefers, ces déchets recyclés, pour fabriquer les routes est-elle une source de pollution? C'est ce que craint le conseil départemental des Pyrénées-Orientales qui refuse ces mâchefers aux abords de la nappe phréatique de la plaine du Roussillon. La justice doit trancher.
Dans les Pyrénées-Orientales, l'usine de Calce, Cydel, qui recycle les déchets ménagers est au coeur d'une polémique. En cause, l'usage du mâchefer pour la fabrication des routes.
Un danger potentiel pour la nappe phréatique?
D'après le conseil départemental, ces mâchefers, qui constituent l'enrobage de sous-couche des routes, pourrait être une source de pollution pour les nappes d'eau profondes, comme la pliocène de la plaine du Roussillon, la plus ancienne du département. Les Pyrénées-Orientales ont donc inclu dans leur dernier schéma de gestion des déchets une interdiction d'emploi des mâchefers.
Une polémique portée devant la justice
L'entreprise qui recycle les déchets conteste la dangerosité des routes en mâchefers sur les nappes phréatiques. S'appuyant sur la réglementation et les usages en vigueur sur l'ensemble du territoire français, Cydel a intenté un recours contre l'actuel schéma de gestion. Résultat, le tribunal administratif de Montpellier a prononcé, le 8 mars dernier l'invalidation du plan de gestion des déchets catalan, donnant ainsi raison à l'entreprise de recyclage. En cause, l'interdiction d'emploi des mâchefers. Les P.O doivent revoir leur copie.
Le conseil départemental des Pyrénées-Orientales ne compte pas en rester là et vient de faire appel de cette décision.
La toxicité du mâchefer en débat - extrait du Blog Planète du Monde.
A la suite du Grenelle de l’environnement, et afin d’encadrer l’utilisation de matériaux recyclés en technique routière, le ministère de l’Ecologie a revu la réglementation entourant la valorisation du mâchefer d’incinération de déchets non dangereux (MIDND). Selon les nouvelles dispositions, en vigueur depuis le 1er juillet 2012, les critères d’acceptabilité liés à la nature de l’usage routier ont été renforcés, et une procédure de traçabilité a été mise en place.Les producteurs français de mâchefers, selon lesquels aucune analyse de suivi de chantier n’a révélé de cas de pollution en France en vingt ans, reconnaissent cependant la nécessité de respecter des précautions spécifiques lors de son emploi. De leur côté, les associations écologistes déplorent le manque d’étude indépendante sur le sujet, et mettent en avant le principe de précaution.
Pour Didier Chevallier du bureau d’étude Inddigo, la qualité du mâchefer dépend surtout du contenu des ordures incinérées : « Les mêmes problématiques se posent pour le compostage. La logique conduit vers une meilleure maîtrise du contenu combustible, vers une meilleure séparation des déchets toxiques en amont ».