Les textes encadrant le nouveau dispositif d'autorisations de plantations de vignes ont été publiés jeudi au Journal Officiel (JO), ouvrant la voie à une légère croissance du vignoble français et à des plantations expérimentales, tout en fixant des limitations pour certaines zones.
Pourra-t-on bientôt boire du rouge breton ou du blanc, cultivé sur un terril du Nord ? C'est en tout cas ce qu'autorisent de nouveaux arrêtés publiés jeudi au journal officiel. Des autorisations de plantations pourront désormais être délivrées à des vignes destinées à la production de vins non couverts par une indication géographique (AOC ou IGP). Ces nouveaux vins produits sans indications géographique remplaceront les "vins de table" que l'on connaît.
Les textes appliquent une réforme européenne qui permettra également à l'Etat d'autoriser chaque année la plantation de nouvelles vignes, sur une superficie correspondant au maximum à 1% du vignoble actuel. Le vignoble français pourra donc augmenter au total d'environ 8.000 hectares en 2016, si ce plafond est atteint.
On pourra planter davantage de vignes
Ce que cela change pour le Languedoc-Roussillon, plus gros vignoble du monde ? Pas grand chose, selon Jérôme Despey, président du conseil spécialisé des vins de Franceagrimer, secrétaire général adjoint de la FNSEA et viticulteur à Saint-Géniès-des-Mourgues (Hérault), interrogé par nos confrères des Echos. Ni concurrence déloyale de la part des producteurs de vins sans indication géographique, ni un changement d'habitude de la part des producteurs locaux ne sont à prévoir, selon lui : " L'Union européenne prônait, au départ, une libéralisation totale des droits de plantation. Nous nous sommes battus pour mettre en place un système de régulation du marché. Les autorisations de plantations nouvelles pour les vins sans indication géographique (IG), les indications géographiques protégées (IGP) et les AOC, ne devront pas excéder 1 % des plantations des Etats-membres, chaque année." Il exclue l'hypothèse de fabriquer davantage de vins sans indication géographique en Languedoc Roussillon, ce serait "suicidaire", explique-t-il.En outre, pour certaines zones de production, notamment d'appellation d'origine contrôlée (AOC), un arrêté limite la superficie des zones qui pourront accueillir de nouvelles vignes. En Languedoc-Roussillon, cela correspond au Banyuls, à la Clairette du Languedoc, au corbières ou au Saint-Chianian, notamment.
Jusqu'alors, l'extension des vignobles était interdite a priori et devait être justifiée par les demandeurs (producteurs ou négociants).
Étendre la production viticole française
Cela pourrait notamment permettre le retour des vignes dans des zones qui en sont dépourvues depuis longtemps, notamment dans l'ouest ou le nord du pays. Ces vins de terrils que nous évoquions plus haut. En France, les autorisations seront délivrées sous réserve d'un engagement de ne pas détourner la notoriété d'une appellation ou indication protégée (par exemple le champagne) et donc d'en respecter le cahier des charges au moins jusqu'en 2030.Une priorité sera accordée aux viticulteurs qui se lancent dans la profession et sont âgés de moins de 40 ans. Le vignoble national était en régression depuis des années.