A Montpellier, les habitants veulent éteindre l'éclairage public... mais pas avant 23 heures !

A partir du "plan lumière" mis en place par la Métropole de Montpellier en partenariat avec l'Office français de la biodiversité, des chercheurs de l'INRAE ont voulu évaluer les réactions des habitants à l'extinction de l'éclairage public. Taux d'acceptation, horaires préférés, craintes… Analyse des résultats obtenus avec Léa Tardieu, spécialiste en économie de l'environnement.

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Dans le cadre de son "plan lumière", la Métropole de Montpellier en partenariat avec l’Office français de la biodiversité a décidé en octobre 2021 d'éteindre l'éclairage public une partie de la nuit sur plusieurs grands axes de circulation. Avec un double objectif : faire des économies (évaluées à 25 000 euros) et diminuer la pollution lumineuse, préjudiciable à la biodiversité.

C'est dans ce cadre que les chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) de Montpellier ont eu l'idée de déterminer "l'acceptabilité sociale de la trame noire en milieu urbain et péri-urbain", selon la dénomination du projet de recherche.

Il s'agit pour nous de déterminer le seuil d'acceptabilité des habitants sur la question de l'extinction des éclairages publics la nuit. L'idée est-elle largement acceptée? Quelles sont les réticences?

Léa Tardieu, chercheuse en économie de l'environnement INRAE Montpellier

"Notre hypothèse de travail était que cette extinction était mal perçue par la population", explique Léa Tardieu. "D'ailleurs, les maires, qui ont le pouvoir d'éteindre l'éclairage public, sont très réticents à le faire."

80% d'acceptation

A la surprise des chercheurs, le taux d’acception des habitants est élevé : 80% des personnes interrogées sont d’accord pour éteindre la nuit une partie de l’éclairage public.

La première raison avancée par les habitants, c'est de faire des économies d'énergie, suivie par la préservation de la biodiversité. L'observation des étoiles dans une nuit bien noire n'arrive que bien plus loin dans la liste.

L'étude a été menée à l’été 2021, avant la guerre en Ukraine et ses conséquences. Il est fort probable que les raisons économiques se détacheraient encore plus en tête des arguments favorables à l'extinction des lumières si on refaisait l’étude aujourd’hui.

Léa Tardieu, chercheuse en économie de l'environnement à l'INRAE Montpellier

La peur de l'insécurité

Parmi les réticences, c'est la peur d'une augmentation de l’insécurité qui arrive largement en tête. Insécurité routière mais aussi des biens (cambriolages) et des personnes (agressions ou chutes).

Pour les chercheurs de l'INRAE, "le lieu où l’on vit a une forte incidence sur l’acceptation de l’extinction des lumières. La résistance est plus forte quand on estime vivre dans un quartier dangereux."

23 heures, heure limite

L'autre objectif de l'étude, c'est d'essayer de déterminer le seuil d'acceptabilité des habitants. "Quand il s'agit de changer le type d'ampoules, tout le monde est d'accord. La réduction de l'intensité lumineuse est déjà moins bien perçue. Le plus difficile, c'est de faire accepter l’heure d’extinction de l'éclairage public", détaille Léa Tardieu.

Lors de cette étude, nous avons proposé deux hypothèses : 23h-6h ou 1h-5h. C’est cette seconde plage horaire qui a été largement plébiscitée.

Léa Tardieu, chercheuse en économie de l'environnement à l'INRAE

Pour les habitants interrogés, l'acception de l'extinction de l'éclairage public est très clairement liée à son heure de début. 

Une information utile pour les maires qui voudraient tenter l'expérience. Avec une concertation des habitants des zones concernées sur les horaires choisis, il semble possible d'étendre l'extinction de l'éclairage public sans trop de contestation.

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