Réfugié depuis 2017 en France, Nazir Razawi est désormais restaurateur à Montpellier. Alors que Kaboul, la capitale de l'Afghanistan est aux mains des Talibans depuis le dimanche 15 août 2021, il craint pour sa famille et pour le peuple afghan. Témoignage.
Depuis le dimanche 15 août 2021, Kaboul, la capitale afghane est aux mains des Talibans. Nazir Razawi, ne passe plus une seule journée sans appeler sa femme. "La situation est actuellement dangereuse en Afghanistan et je suis très inquiet pour ma famille et mes compatriotes" explique-t-il. Le jeune Afghan est arrivé en France depuis 2017 et tient aujourd’hui le restaurant Bamyan Grill, dans le quartier Celleneuve à Montpellier.
Avant la progression des Talibans, il appelait sa femme une à deux fois par semaine. Aujourd'hui, ils se téléphonent tous les jours. "Elle m'a dit qu'elle entend des tirs dehors, elle m'a expliqué qu'elle ne pouvait plus vivre au pays.
Nazir a peur pour sa famille et pour son pays
La distance ne l’empêche pas de se tenir informé de la situation dans son pays. "Tout le monde veut quitter le pays". Depuis, commerces, banques et universités sont fermés. La femme de Nazir ne pourra pas terminer son cursus en psychologie "elle a très peur et n’ose plus sortir. C’est comme une prison".
L’aéroport de #Kaboul ce lundi matin où des milliers d’habitants tentent désespérément de quitter l’#Afghanistan après la prise de pouvoir des Talibans.pic.twitter.com/ndQF2PDmnm
— Antoine Llorca (@antoinellorca) August 16, 2021
Les talibans d’aujourd’hui ne sont pas différents des talibans d’hier.
En 1996, le groupe islamiste a pris le pouvoir en Afghanistan. Et le restaurateur de 36 ans n’a pas souvenir d’avoir connu la paix dans son pays avant son départ. Quelques heures après s’être emparé de Kaboul, les Talibans ont annoncé la formation rapide d’un gouvernement islamique fort et inclusif. Ils ont également annoncé de "nombreuses différences" dans leur manière de gouverner, même si en termes d'idéologie et de croyances, "il n'y a pas de différence" avec les instances mises en place par les Talibans à la fin du XXe siècle. "On a vécu l’expérience des Talibans de 1996, ceux d’aujourd’hui ne sont pas différents", avance Nazir qui ne croit pas en ces promesses.
Le pouvoir aux mains des Talibans, une véritable catastrophe
En dix jours, le groupe de combattants islamistes a conquis le pays à une vitesse étonnante. "Nous pensions que l’armée afghane aurait lutté farouchement contre le mouvement islamiste militaire", lance Nazir très déçu.
L’ex-président, Ashraf Ghani a déclaré le dimanche 15 août 2021 avoir fui son pays pour éviter un "bain de sang", reconnaissant la victoire des combattants islamistes. "Toutes les autorités ont quitté le pays, que peuvent bien attendre les Afghans aujourd'hui", s’intérroge Nazir.
"Dans un pays où les femmes et les hommes ne sont pas libres, il n’y a pas de démocratie". L’homme reste optimiste sur le retour de la paix dans un futur proche. Aujourd’hui, Nazir n’a qu’un seul souhait, l’accélération de la procédure d’immigration de sa famille en France.