Quel est le mobile de l'agression de Samara, 13 ans, rouée de coups ce mardi devant son collège à Montpellier ? La mère de la victime a pointé des raisons religieuses dans les médias, de quoi faire monter la pression jusque dans l'hémicycle. Mais cela est il vraiment le cas ? On vous explique.
Deux jours après l'agression de Samara, 13 ans, la tension semble être montée jusqu'à l'hémicycle de l'Assemblée nationale. En cause : le mobile des faits. La jeune adolescente a été rouée de coups ce mardi par plusieurs jeunes à la sortie du collège Arthur Rimbaud à Montpellier où elle est scolarisée.
Reste une question désormais : la raison de ce passage à tabac, est-il religieux comme évoquée par sa mère dans différents médias ?
"Ça a commencé l'an dernier. La jeune fille qui a été interpellée a créé un compte sur Samara, une photo d'elle avec un appel au viol. À partir de là, cette élève a été sanctionnée. Cette jeune fille est voilée, ma fille s'habille à l'Européenne... Je ne vois que ce motif, qui justifie son acharnement envers ma fille", déclarait Hassiba, la mère de Samira sur une chaîne d'informations.
Un député saisi le Procureur pour atteinte à la laïcité
Des déclarations qui ont déclenché bien des réactions politiques. Si la ministre de l'Éducation, Nicole Belloubet a diligenté d'urgence une enquête administrative au collège sur les faits de harcèlement, le député de l'Essonne Jérôme Guedj a saisi le Procureur de la République de Montpellier sur le mobile religieux évoqué.
La justice s’est emparée de la tentative de meurtre sur Samara.
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) April 4, 2024
Mais en amont, il y a eu menaces de nature religieuse.
Je saisis le Procureur de la République de Montpellier pour que des poursuites soient engagées sur la base du peu utilisé art.31 de la loi du 9 déc.1905 #laïcité pic.twitter.com/lPh26coCct
Cet article de loi sanctionne d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende toute personne qui "soit par menaces contre un individu, soit en lui faisant craindre de perdre son emploi ou d'exposer à un dommage sa personne, sa famille ou sa fortune, ont agi en vue de le déterminer à exercer ou à s'abstenir d'exercer un culte, à faire partie ou à cesser de faire partie d'une association culturelle, à contribuer ou à s'abstenir de contribuer aux frais d'un culte".
Une peine aggravée en cas de violence ou de voie de fait. Le coupable pourra alors être puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
"Il n'y a pas d'affaire de religion"
"Le témoignage de la maman que j'ai vu sur BFM hier matin indique qu'il y a des faits de menace et envoie des éléments qui pourraient laisser penser que l'aspect religieux pourrait être indicatif. Ça percute sur un combat que je mène depuis plusieurs années sur les outils en manière de laïcité. La laïcité, c'est de croire ou de ne pas croire sans pression. Au-delà du cas particulier, c'est de donner à mieux connaître cet outil juridique -l'article 31 de la loi du 9 décembre 1905 -. C'est un droit protecteur. Il faut s'en emparer", détaille Jérôme Guedj, député de l'Essonne.
Reste que pour les camarades de Samara, la question religieuse ne se pose pas.
Ça n'a rien à voir avec l'islam parce que personne ne va te juger si tu es musulmane et que tu ne portes pas le voile, ce n'était pas du tout pour ça!
Une camarade de Samara
"Il n'y a pas d'affaire de religion", affirme une autre.
Les réseaux sociaux comme mobile ?
Pour eux, l'agression serait due à une possible jalousie entre adolescentes ayant mené à la création de compte sur les réseaux sociaux. "Quelqu'un s'est fait passer pour Samara pour qu'elle se fasse taper", raconte une de ses camarades. Selon ces derniers, une personne aurait créé des comptes sur le réseau social Snapchat afin d'humilier des élèves du collège. Une des personnes concernées aurait alors pointé du doigt Samara comme responsable.
Une enquête est en cours sous la direction du magistrat instructeur pour déterminer avec précision le contexte "dans lequel cette agression particulièrement grave s'est déroulée" et identifier d'autres participants.