"C'est toujours mieux que rien" : les viticulteurs réagissent à l'aide de 80 millions d'euros annoncée par le gouvernement

Le ministre de l'Agriculture Marc Fresneau a annoncé, mercredi, le déblocage de 80 millions d'euros pour aider les viticulteurs et prendre en charge les intérêts d'emprunt pendant un an. Si cette aide à la trésorerie est bienvenue, les vignerons s'interrogent sur les modalités d'obtention.

Le gouvernement débloquera 80 millions d'euros d'aide pour les viticulteurs, a annoncé le ministre de l'Agriculture, Marc Fresneau, mercredi 31 janvier 2024.

De l'Occitanie à la Nouvelle-Aquitaine

Les premiers dossiers de demande d'aide pourront être déposés dès le début de février, "pour que les premiers paiements interviennent à la fin du mois de février", a précisé le ministre à Sud Radio. Ces aides concernent "l'ensemble de la viticulture en crise, de l'Occitanie à la Nouvelle-Aquitaine, en passant par la vallée du Rhône", a précisé Marc Fresneau.

C'est repousser pour mieux sauter.

Olivier Ferrie, viticulteur

En pleine période de manifestations des agriculteurs, le ministre a également annoncé que cette somme débloquée par l'État servira aussi à prendre en charge "les intérêts d'emprunt sur l'année 2024", offrant "une forme d'année blanche" pour les vignerons. "C'est repousser pour mieux sauter", rétorque sans ambages Olivier Ferrie, propriétaire du Domaine Croix de Saint-Privat à Aniane (Hérault), qui déplore une "mesurette".

Une aide bienvenue

"Toutes les aides sont bonnes à prendre", pondère Anaël Payrou, vigneron et directeur de la coopérative du Cellier des Demoiselles, à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (Aude). Le paiement des intérêts d'emprunt va "soulager la trésorerie", explique l'agriculteur, dont la coopérative emploie neuf salariés. À cause du gel, son exploitation a subi 40% de perte de production en 2021 et 40% à nouveau en 2023, réduisant drastiquement ses liquidités.

Toutes les aides sont bonnes à prendre.

Anaël Payrou, vigneron à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse

En outre, "le coût de la matière première a doublé, mais pas le prix de vente de la bouteille", énonce Olivier Ferrie. Il pointe du doigt les coûts de mise en bouteille de sa production, qui ont bondi en quelques années de 30 000 à 45 000 euros par an.

Le coût de la matière première a doublé, mais pas le prix de vente de la bouteille.

Olivier Ferrie, viticulteur

Les 80 millions d'euros doivent servir de "soutien à la trésorerie" et d'aide à l'exploitation pour les pertes de plus de 20%, a expliqué le ministre de l'Agriculture. Pourtant, "ce qui serait aussi utile, ce sont des aides sur le développement marketing et la vente, pas seulement sur la production", estime Anaël Payrou. "On a beaucoup de retard sur le marketing", juge-t-il, lui qui exporte ses vins à l'étranger, notamment en Chine. "Ce pourrait par exemple être des aides à l'embauche de personnes diplômées en marketing", avance le directeur de coopérative.

"On demande à voir comment ça va être appliqué"

"C'est toujours mieux que rien. L'annonce paraît correcte, c'est ce qu'on avait demandé", réagit François-Régis Boussagol, le président de la fédération des vignerons indépendants de l'Hérault, qui ajoute : "On demande à voir comment ça va être appliqué". La charge administrative pour l'obtention d'une aide peut en effet se montrer écrasante, dénoncent les exploitants.

L'annonce parrait correcte, c'est ce qu'on avait demandé.

François-Régis Boussagol, président de la fédération des vignerons indépendants de l'Hérault

Anaël Payrou explique par exemple que, pour obtenir une aide à la commercialisation de l'Union européenne, il a dû justifier, photographies à l'appui, de la tenue de ses dégustations de vin. "Lorsqu'on montait le dossier, les règles n'imposaient pas de fournir des photos. Mais au moment où on demandait l'aide, il fallait désormais fournir une photo pour chaque dégustation, se rappelle-t-il. Imaginez bien qu'il est difficile d'expliquer à nos clients chinois que l'on doit faire des photos de leur dégustation pour nos aides européennes."

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