Dans sa dernière enquête, l'INSEE estime qu'un habitant de l'Occitanie sur 4 vit dans une zone exposée au risque d'inondation par débordement de cours d'eau. Parmi eux : 10% de personnes vulnérables, enfants ou seniors. L'Institut appelle à une prise de conscience et à former la population aux bons réflexes. On vous explique qui est le plus concerné et dans quels départements.
Des victimes et des dégâts considérables : c'est le constat dressé par l'INSEE dans son dernier rapport d'analyse consacré à l'exposition au risque d'inondation en Occitanie depuis 20 ans. "L'Occitanie est la région française où les coûts cumulés des dommages liés à des inondations sont les plus importants sur les deux dernières décennies" souligne l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques.
Il souligne que 1,6 million de personnes habitent dans une zone à risque, principalement dans quatre départements : Aude, Gard, Hérault et Pyrénées-Orientales. Cela représente 27% de la population totale de notre région.
Enfants, seniors et handicapés très exposés
Débordements de cours d'eau, submersions marines, ruissellements : les dangers sont multiples sur 15% de notre territoire, celui que l'INSEE appelle "enveloppe approchée d'inondations potentielles" (EAIP). Une zone qui correspond à l'espace maximal d'expansion d'une crue et dont voici la carte :
Particulièrement vulnérables à ce risque : 160 000 personnes âgées et jeunes enfants, difficiles à évacuer et qui peuvent ne pas avoir les bons réflexes en cas de montée des eaux, en raison de leur âge.
En Occitanie, 92 000 enfants de moins de 6 ans et 68 000 personnes de plus de 85 ans ou plus habitent dans des zones exposées au risque de débordement de cours d'eau. Ces dernières sont plus souvent les victimes des inondations meurtrières.
INSEE analyses Occitanie, octobre 2024
Exposés dans leurs logements, les plus jeunes et les plus âgés le sont aussi dans les établissements qui les accueillent : Ehpad, crèches, écoles. Selon l'INSEE, un tiers des maternelles et des maisons de retraite sont en zone à risque. La proportion est à la même pour les bâtiments accueillant des personnes handicapées.
Un million de logements concernés
Pour ce qui est des logements, un tiers du parc régional est soumis au risque d'inondation par débordement de cours d'eau et 49% de ces habitations sont des appartements. Problème : un quart d'entre eux est situé au rez-de-chaussée, soit 129 000 logements. En cas d'intempéries, ils sont les premiers concernés. Même chose pour 254 000 maisons dépourvues d'étages, soit la moitié de celles situées en zones à risques.
Un programme de relocalisation unique en France
À Alès, après les crues historiques du Grabieux, un affluent du Gardon, en 2002, 2014 et 2015, un programme de "relocalisation" a été lancé par les autorités. Les propriétaires les plus exposés se sont vus proposer le rachat de leurs maisons, vouées à la démolition. Une quinzaine d'entre elles a déjà subi ce sort, comme le montre ce reportage d'Alexandre Rozga et Pascale Barbès.
Dans ce reportage, une mère de famille explique qu'elle a refusé le prix estimé par le service des Domaines, car elle l'estime trop bas pour pouvoir se reloger avec la somme proposée pour le rachat de sa maison. C'est l'autre écueil à l'évitement des zones à risque : 20,8% de "la population vivant dans ces territoires est plus souvent pauvre" selon les calculs de l'INSEE.
Le rapport souligne d'ailleurs que 32% des logements sociaux d'Occitanie sont dans une zone à risque d'inondation. Et pour ce qui est des 138 aires d'accueil des gens du voyage, 58 sont exposées au débordement d'un cours d'eau.
Campings et hôtels exposés
Mais les habitants de nos départements ne sont pas les seuls menacés : 5 campings et 4 hôtels sur 10 le sont aussi. Or, les touristes ont une connaissance plus faible du risque et des bons réflexes à adopter. Pour ce qui est des hébergements de plein air, le constat est sans appel : les départements littoraux concentrent les dangers. Ainsi, 83% des emplacements des Pyrénées-Orientales, 75% de ceux du Gard et 64% de ceux de l'Hérault sont concernés.
Les secours et les entreprises concernés
En cas d'intempéries, les sapeurs-pompiers sont donc en première ligne pour secourir les sinistrés. Mais eux aussi sont soumis au risque : Sur les 476 centres d'incendie et de secours d'Occitanie, 194 sont en zone inondable. C'est le cas de plus de la moitié de ceux de l'Aude, de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales. Même chose pour un tiers des commissariats de police et des casernes de gendarmerie de la région.
Enfin, concernant le secteur économique, un quart des 160 000 locaux professionnels inondables est situé dans l'Hérault. Selon l'INSEE, 33% des salariés d'Occitanie sont exposés, soit 418 000 travailleurs potentiellement soumis à l'arrêt total ou partiel de leur activité en cas d'intempéries. Fait notable, près de la moitié des sites classés "Seveso" sont inondables, soit 36 entreprises dont 11 se trouvent dans le Gard.
Nécessité de former aux bons gestes
Face à ce constat, l'INSEE appelle à une prise de conscience et rappelle la nécessité de former les citoyens aux comportements à adopter en cas d'urgence. Car ces phénomènes risquent de s'aggraver sous l'effet du changement climatique.