Ni bus, ni trams, ni voitures, chaussées et trottoirs non dégagés, Montpellier s'est réveillée ce jeudi sous 15 à 25 centimètres de neige. Dans la ville paralysée, colère et incompréhension dominent parmi les habitants et les touristes qui tentent de se déplacer en évitant glissades et chutes.
Depuis le quartier Boutonnet vers le centre historique de Montpellier, une cohorte de piétons tente d'avancer sur des trottoirs et des chaussées enneigés.
La ville est enveloppée d'un manteau blanc, et très silencieuse en l'absence de tramways et de bus. Seules quelques rares voitures tentent l'aventure.
Marchant lentement avec des chaussures le plus souvent totalement inadaptées, glissant, chutant, tentant de traîner des valises ou de faire rouler des poussettes d'enfant sur la neige épaisse, gelée ou parfois déjà transformée en mélasse par la pluie, les infortunés piétons râlent.
"Dix centimètres de neige et même le centre de Montpellier est paralysé, bravo les services municipaux et publics !", s'exclame Antoine Malagas, cadre de 35 ans, qui veut rejoindre son travail, au sud de la ville. "On se croirait dans un pays sous-développé, plus un tramway, plus un bus, pas même un avion, des trains hyper en retard et une pagaille monstre sur des routes non dégagées alors que la neige était prévue !", s'énerve-t-il, en baskets dans des rues escarpées.
Dans une rue pentue menant à la place de la Canourgue, Tatiana Obradovic, touriste serbe de 32 ans, pleure sous la pluie en traînant péniblement sa lourde valise dans la neige. "Ce séjour, c'est la galère totale, on n'a aucune information, les rues ne sont pas dégagées, il n'y a aucun transport, je n'ai jamais vu ça, je ne sais même pas si les trains circulent", dénonce-t-elle en dérapant avec ses bottes à talons hauts.
A la gare centrale, devant laquelle deux voitures sont échouées en travers de la chaussée, le panneau d'affichage annonce des retards de trente minutes à deux heures trente pour un train à destination de la gare de Lyon.
"du jamais vu" depuis 1985...
Des voyageurs se désespèrent : "on est complètement bloqués ici, il n'y a aucun transport, je ne peux ni venir au travail, ni rentrer chez moi", annonce par téléphone à son patron Ariane Ferrandini, employée dans une agence immobilière du nord de Montpellier. "Rien n'est dégagé ici, on se demande ce que font les services publics", ajoute-t-elle.
Non loin de là, deux ambulances patinent sur une chaussée totalement enneigée et les deux conducteurs grognent : "du jamais vu, rien n'est déneigé, on fait comment, nous, pour bosser ?", s'exclame l'un d'eux.
Sur la place de la Comédie, on entend un grand "ah !" et une dame âgée chute dans la neige. "C'est un scandale de laisser le centre ville dans cet état, moi je n'ai plus rien à manger à la maison, il faut bien que je sorte", dit-elle en se relevant péniblement.
Non loin, boulevard Victor Hugo, une déneigeuse s'active vers 10H00 pour dégager le boulevard circulaire et le tunnel. Mais "ça va prendre du temps", explique un employé de la voirie.
Dans l'hyper centre, de nombreux commerces restent fermés jeudi matin faute d'employés.
Les bureaux de tabac n'ont pas été livrés en quotidiens et la colère est aussi perceptible chez les commerçants, constatant la véritable patinoire que les clients doivent affronter. "Dix centimètres de neige, c'est pas la fin du monde non plus ! Ils sont où les services du maire et du préfet depuis hier ?", s'interroge le gérant d'un café qui se dit "inquiet pour l'image de Montpellier".
"C'est un phénomène exceptionnel qui se produit tous les trente ou quarante ans", a déclaré à l'AFP Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole, estimant que l'intensité de l'épisode neigeux n'avait pas été anticipée par les services météo.
Reconnaissant que la municipalité ne dispose pas de déneigeuses adaptées, il assure que trois salages ont été effectués depuis mardi soir. Selon la métropole, depuis le début de l'épisode neigeux, plus de 100 tonnes de sel ont été déversées sur les routes dont 7 tonnes dans le centre de Montpellier.
Ce fut aussi la galère toute la nuit pour les naufragés de la route et des autoroutes A9 et A75, à Gignac et Montpellier.