Alexandre est montpelliérain, il est propriétaire associé de plusieurs bars de nuit en Chine, à Shanghaï. Depuis le 24 janvier et à cause du coronavirus, ses huit établissements sont fermés, et ses 160 employés sont sans emploi. Revenu en France il y a quelques semaines, il témoigne.
8 restaurants fermés jusqu’à nouvel ordre
Il est propriétaire associé de huit bars de nuit à Shanghaï et dans sa province à quelques centaines de kilomètres de l’épicentre du Coronavirus, à Wuhan.
Mais Alexandre* a dû baisser la grille de ses huit établissements depuis le 24 janvier dernier à cause du virus qui sévit depuis décembre dernier en Chine :
Au début, on a reçu des recommandations pour fermer nos établissements, il me semble que c’était aux alentours du 24 janvier, puis on a très vite compris que la tendance était à l’obligation. Le 26 janvier les autorités nous ont ordonné de fermer nos établissements. Au début c’était pour deux jours, puis quelques semaines, puis maintenant c’est jusqu’à nouvel ordre. On ne sait pas quand on pourra rouvrir.
Les 160 salariés qu’emploient Alexandre et ses associés se retrouvent alors au chômage technique. Mais Alexandre n’est pas le seul dans ce cas. Tous les établissements de nuit, les hôtels et les spas, mais aussi les centres de gym, les sites touristiques aussi sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Seuls les commerces de nécessité sont autorisés à rester ouverts jusqu’à 8 heures le soir.
Vers un retour à la normale ?
Depuis le 10 février, les autorités ont annoncé un retour aux activités partiel. C’est-à-dire que les employés de bureau par exemple reprennent le travail mais en faisant du télétravail nous explique Alexandre, nous, nous n’avons toujours pas le droit de rouvrir :Depuis le nouvel an chinois, le 24 janvier, la Chine était à l’arrêt, c’est une période très calme où les gens en profitent pour partir en vacances, beaucoup d’entreprises sont fermées et là petit à petit elles commencent à rouvrir.
Pour l'instant, les établissements scolaires du pays doivent restés fermés, jusqu’au milieu du mois de mars. D’autres sites, touristiques principalement sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Et de nombreux événements mondiaux ont été annulés.
Pour Alexandre, un retour à la normale n’est pas attendu avant au moins trois mois :
Aujourd’hui on s’attend à un retour à la normale progressif sous deux à trois mois dans un cas favorable j’entends.
Des aides pour les commerçants
En attendant ce retour à la normale, selon Alexandre, des mesures ont été mises et vont être mises en place par le gouvernement pour venir en aide aux commerçants :
Des mesures sont là pour garantir la paye des employés autant que possible. Et le gouvernement a demandé que les commerçants dont l’établissement est fermé ne payent pas de loyers le temps de la fermeture. Aujourd’hui, on essaye de gérer la situation au jour le jour, et le gouvernement aussi. Des discussions sont en cours pour que ça se passe dans le meilleur des cas pour les deux parties.
Retour en France
Alexandre, lui, est rentré en France il y a quelques semaines, un voyage prévu depuis longtemps dit-il :
La période du nouvel an chinois, c’est là où beaucoup de gens profitent pour prendre des vacances. Moi j’avais décidé de partir depuis longtemps, le 24 janvier je suis allé jusqu’en Thaïlande car j’ai d’autres affaires là-bas, puis le 28 janvier je suis rentré en France.
De ce périple réalisé fin janvier, personne n’a demandé à Alexandre d’où il venait, s’il était passé par Wuhan ou non. Et depuis qu’il est rentré, il n’a pas eu l’obligation de réaliser des tests pour savoir s’il était porteur ou non du coronavirus. Comme lui, des millions de personnes ont pu transiter vers d’autres pays d’Asie, pourtant cela ne l’inquiète pas au contraire :
"Aujourd’hui pour moi la situation est mitigée, car la crise sanitaire à Wuhan est bien réelle, ça nous concerne tous quand on vit en Chine. Mais je suis partagé entre deux versions : est-ce-que l’on a les informations réelles, où alors est ce que la communauté internationale ne met pas trop la pression en Chine. Ce sont les questions que je me pose. Mais depuis mi-décembre des millions de personnes ont transité vers d’autres pays d’Asie et si la situation était aussi dramatique, il y aurait à l’international beaucoup plus de cas dit-il."
Aujourd’hui en Chine, le bilan humain continue d'augmenter avec 1100 morts et autour de 45 000 personnes contaminées. En France, 2 des 11 personnes hospitalisées sont sorties de l'hôpital. L'OMS redoute toujours une " très grave menace. "
Alexandre, quant à lui doit rentrer en Chine, le 28 février prochain, pour l’instant il n’a pas prévu de décaler son retour.
*Le prénom a été changé pour préserver l'anonymat souhaité par notre témoin.