La Haute Autorité de Santé (HAS) a annoncé la réintégration des soignants non-vaccinés dans les hôpitaux. Dix-huit mois après leur suspension, leur retour s'organise et la question divise. Explications avec la direction du CHU de Montpellier et les syndicats.
Depuis septembre 2021, 2,7 millions de professionnels de santé devaient attester d'un schéma vaccinal complet pour travailler.
Le 15 mai prochain, infirmiers, aides à domicile ou encore pompiers pourront à nouveau exercer leur métier sans être vaccinés. Après dix huit mois de suspension, le retour dans les établissements de santé doit s'organiser.
"Faire le point avec chacun"
Au CHU de Montpellier, 30 personnes sont concernées par la réintégration, incluant 14 soignants. Lucas Delattre, directeur des ressources humaines de l'établissement, détaille ce retour : "Nous avons fait le choix de les recevoir individuellement pour faire le point avec chacun et ainsi permettre que leur reprise d’activité se passe dans les meilleures conditions possibles, pour eux, comme pour les équipes en place."
Cette réintégration au CHU de Nîmes, dans le Gard, concernerait une "cinquantaine de personnes" d'après les "bruits de couloirs" reccueillis par la CGT. Or beaucoup de ces soignants non vaccinés ont profité de ces dix-huit mois de vacation pour changer d'activité.
En deux ans et demi, il fallait bien manger, ils sont allés travailler ailleurs. Certains en Suisse où le schéma vaccinal complet n'était pas demandé et certains ont changé de métier. Je ne suis pas sûre qu'ils ont envie de revenir, on risque de perdre des agents
Maria do Fundo, déléguée CGT du CHU de Nîmes
"On craint l'effet pervers"
Le direction du CHU de Montpellier l'assure : "Cette réintégration n'est pas un sujet. Leur réintégration sera réalisée conformément à la réglementation applicable." Ces modalités seront connues le 14 mai 2023, date de parution du décret. Or pour les syndicats, cette réintégration est bel et bien un sujet, source d'inquitétude.
On craint l'effet pervers. Quand vous avez pris une dispo et qu'on demande votre réintégration, si vous dites non, le risque c'est d'être radié, licencié.
Maria do Fundo, déléguée CGT du CHU de Nîmes
Les personnels soignants titulaires ont le droit de prendre 4 ans de disponibilité, renouvable une fois, selon la CGT. Ces postes vacants ont ainsi été occupés par des contractuels pendant la période de suspension.
Choix personnel ou absurdité dénoncée
Se faire vacciner ou non, la question divisait et divise toujours. "Les agents qui ont été suspendus, ça été un piétinement des libertés. Ils ont tenu le coup et peuvent s'en féliciter. On voit bien que cela ne sert à rien d'être vacciné, les mesures étaient absurdes et inadaptées s'ils peuvent venir sans vaccin aujourd'hui", scande Maria do Fundo, déléguée CGT du CHU de Nîmes.
Pour le CHU de Montpellier, le choix de la vaccination ne sera pas prise en compte dans la réintégration des soignants.
Les agents qui ont refusé de se faire vacciner, ont fait un choix personnel pour lequel le CHU, en qualité d’employeur n’a pas à porter de jugement.
Lucas Delattre, DRH du CHU de Montpellier
Le processus de réintégration démarrera dans les hôpitaux de la région à partir du 15 mai 2023, au lendemain de la parution du décret détaillant les modalités de cette reprise d'activité.