A la tête de la majorité, Kléber Mesquida (parti socialiste) compte bien rempiler pour un second mandat à la présidence du Conseil Départemental de l'Hérault. Une collectivité à gauche depuis 1945. Cinquante sièges sont à pourvoir les 20 et 27 juin prochain. L'abstention pourrait battre des records
L'Hérault en débat sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon ce mercredi 16 juin. Il est animé par Florent Hertmann.
Les candidats invités :
- Kleber Mesquida (PS)
- France Jamet (RN)
- Brice Bonnefoux (LR)
- Philippe Huppé (LREM)
- Bruno Chichignou (EELV)
- Delphine Petit (LFI)
Une gauche divisée, une droite affaiblie et une extrême-droite offensive
Depuis 1945, l'Hérault est un département stable politiquement, ancré à gauche, essentiellement socialiste, avec des présidents qui enchaînent les mandats : Jean Bène a conservé la tête de l'exécutif départemental pendant 34 ans, Gérard Saumade pendant 19 ans et André Vézinhet pendant 17 ans. Son successeur Kléber Mesquida, élu en 2015, brigue un second mandat. A 75 ans. Pour ses adversaires, l'âge du capitaine pose question et c'est, pour eux, un argument supplémentaire en faveur d'un changement d'ère.
Kléber Mesquida et l'élection de trop?
La question se pose à tous les hommes politiques un jour ou l'autre. A quel moment arrêter quand on a consacré sa vie à la chose publique? André Vézinhet a choisi de se retirer à 75 ans, l'âge de Kléber Mesquida aujourd'hui, président sortant qui, lui, brigue un nouveau mandat. Quand il a fait part de sa décision en mars dernier, l'ex maire de Saint-Pons-de-Thomières s'est dit "très en forme" et il rétorque à ses détracteurs que Joe Biden, le président américain, est plus vieux que lui.
Kléber Mesquida détient aujourd'hui la majorité au Conseil départemental, avec 28 voix (PS, PCF et DVG). Pour rappel, à l'issue des élections départementales de 2015, les candidats soutenus par le maire de Montpellier Philippe Saurel, dissident socialiste, avaient remporté des cantons jusqu'alors détenus par le parti socialiste. Une situation inédite et une division supplémentaire à gauche qui n'existe plus aujourd'hui.
S'il est réélu sur le canton de Saint-Pons-de-Thomières, son fief des hauts cantons, le président du département gardera très probablement son siège. Mais dans sa circonscription, la bataille n'est pas gagnée d'avance. Il a face à lui un binôme du Rassemblement National (Virginie Alcina et Gilles Laigre) et un autre sans étiquette mené par le maire de Capestang, Pierre Polard, très implanté localement, avec Laurie Bernon, élue à Pardailhan. La circonscription de Saint-Pons-de-Thomières est celle qui compte le plus grand nombre de communes (59) de tout le département. Il faut une bonne heure pour la traverser d'Est en Ouest.
Une gauche divisée
Les binômes estampillés "majorité départementale" sont présents dans 21 cantons et proposent une union parti socialiste, divers gauche et parti communiste. Ce qui n'empêche pas le PCF de partir seul dans plusieurs cantons, à Sète ou Cazouls-les-Béziers par exemple. Sous l'étiquette "Printemps Héraultais", la France Insoumise est le plus souvent alliée aux écologistes. Des écologistes qui partent, eux, en ordre totalement dispersé. Une situation qui interroge le politologue Emmanuel Négrier : "La gauche est-elle à ce point en bonne santé dans l’Hérault ? Non. Il y a certes des espaces où la gauche tient ses positions mais peut-on se permettre ce type de comportements quand on annonce s'opposer à l'extrême-droite, alors qu' à chaque élection, le Rassemblement National fait le plein des voix? Ces divisions peuvent aussi avoir des conséquences sur les autres élections, en lassant les électeurs notamment".
En partant divisée au 1er tour, la gauche prend un risque.
Des écologistes éparpillés
Le pompon de la division revient encore une fois aux Verts. Les écologistes, notamment Europe Ecologie Les Verts, n’ont visiblement tiré aucun enseignement du psychodrame des élections municipales à Montpellier : donnés favoris dans les sondages, ils se sont déchirés au point de présenter deux candidats et de disperser leurs voix. "Les écologistes n’ont pas soldé les conflits qui minent leur camp partout et en particulier dans l’Hérault", explique le politologue Emmanuel Négrier.
C'est un comportement d’enfants gâtés, qui part du principe que ni la droite ni le Rassemblement National ne peuvent prendre le département, alors on peut se permettre de se perdre en chicayas, en petites querelles."
Selon les cantons, la solution choisie par Europe Ecologie les Verts est donc différente : le parti présente parfois des candidats sur son nom seul, il peut aussi s’allier avec La France Insoumise ou Nous sommes par exemple. Dans deux cantons de la métropole de Montpellier (Montpellier 2 et Montpellier-Castelnau), si on élargit à tous les partis écologistes, on compte même un candidat vert dans 3 binômes de candidats différents. Il y aura donc sans doute des élus verts au département de l'Hérault (deux en 2015) mais ils seront surtout issus des alliances passées avec les autres partis de gauche et principalement le parti socialiste.
Une droite affaiblie
En 2015, la droite n'a pas réussi à s'imposer dans l'Hérault, elle ne passe pas la barre du second tour dans 15 des 25 cantons. Pour les départementales 2021, les binômes divers droite, les Républicains ou centristes ne sont présents que sur 8 cantons. Et deux binômes avec des élus de droite partent sous l'étiquette "majorité départementale", soutenus par le socialiste Kléber Mesquida : Michèle Cassar et Jacques Martinier à Pignan, Laurence Cristol avec Jérôme Lopez sur le canton de Saint-Gély-du-Fesc. Alliance improbable pour leurs détracteurs, les élus sortants des deux cantons assument. Laurence Cristol et Jérôme Lopez expliquent par exemple avoir l'habitude de travailler ensemble, au-delà de leurs divergences politique, au sein de la communauté de communes du grand pic Saint-Loup, à laquelle leurs deux communes appartiennent. Ils sont d'ailleurs soutenus par tous les maires des 19 communes de leur canton.
Une alternance à droite est impossible, elle ne présente pas des candidats partout et, dans l'Hérault, le Rassemblement National attire déjà une partie de ses électeurs.
La droite a même disparu dans le Biterrois, au profit de candidats d'extrême-droite soutenu par Robert Ménard, le maire de Béziers. Avec si peu de candidats, la droite n'a mathématiquement aucune chance de remporter le département. Elle dispose pour l'instant de 8 sièges au Conseil Départemental.
LREM et l'ancrage local
Comme partout en France, La République en marche peine à passer du militant au candidat, et plus encore à l'élu local. Le parti présidentiel ne présente des candidats sous son nom que dans cinq cantons dont deux sont à Montpellier. En 2015, elle ne disposait d'aucun élu au Conseil Départemental, à moins de compter les candidats soutenus par Philippe Saurel, maire de Montpellier à l'époque et un temps sympathisant de LREM. Seule une partie de ces conseillers sortants, classés sans étiquette au conseil départemental, se réprésente d'ailleurs cette année, sans soutien particulier.
L'offensive du Rassemblement national
Le parti de Marine Le Pen est partout. Il est le seul à présenter des candidats, pour certains très peu connus localement, dans tous les cantons de l'Hérault. Ou plus exactement dans tous les cantons sauf les trois de Béziers. Là, les binômes d'extrême-droite ne se réclament que du soutien du maire, Robert Ménard. Une sorte d'entente cordiale : pas de candidats RN à Béziers et pas de candidats "Ménard" en-dehors des cantons de la ville. A Béziers, où la gauche n'est pas plus unie qu'ailleurs, les binômes soutenus par Robert Ménard sont favoris. En 2015, le maire pouvait se vanter d'avoir fait passer tous ses protégés. Les seuls élus d'extrême-droite du département. A noter un important turn-over sur les trois cantons biterrois: deux conseillers départementaux sortants se représentent, les 4 autres sont de nouveaux visages.
Au premier tour en 2015, le Rassemblement National est arrivé en tête dans 17 des 25 cantons de l'Hérault. Sans parvenir ensuite à faire élire ses candidats. Sur le canton de Cazouls-les-Béziers par exemple, le sortant socialiste Philippe Vidal, n'est passé qu'avec 43 voix d'avance. Le RN espère franchir ce "plafond de verre" en 2021. Ses candidats estiment que leur éventuel manque de notoriété est largement compensé par une étiquette RN (ou Ménard pour le cas de Béziers). Sur certains panneaux d'affichage, le visage de la présidente du parti, Marine Le Pen occupe plus d'espace que ceux de ses candidats.
L'absention est, comme toujours, la grande inconnue de ce scrutin. Elle est annoncée forte, dans un pays secoué par plus d'un an de pandémie. En 2015, elle atteignait 48% des inscrits au 1er tour et 46% au second.
Un débat mercredi 16 juin à 22h50
L'Hérault en débat sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon le mercredi 16 juin à 22 heures 50. Il sera animé par Florent Hertmann.
Les candidats invités :
- Kleber Mesquida (PS)
- France Jamet (RN)
- Brice Bonnefoux (LR)
- Philippe Huppé (LREM)
- Bruno Chichignou (EELV)
- Delphine Petit (LFI)
Tous les débats
Lundi 7 juin
Sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées : 22h50 Haute-Garonne, 23h20 Gers et 23h55 Ariège.
Sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon : 23 h Pyrénées-Orientales.
Lundi 14 juin
Sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées : 22h50 Tarn-et-Garonne, 23h20 Tarn et 23h55 Lot.
Sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon : 23 h Gard et 23h52 Aude.
Mercredi 16 juin
Sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées : 22h50 Aveyron et 23h25 Hautes-Pyrénées.
Sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon : 23 h Hérault.