Gratuité des transports publics à Montpellier : à deux mois de la mise en œuvre, l'opposition se fait encore entendre

Le 21 décembre, les transports publics de la métropole de Montpellier deviendront gratuits pour tous ses habitants. La mesure doit être financée par des versements des entreprises locales. Entre la crainte d'une baisse de l'investissement pour le fonctionnement du réseau et celle d'une hausse des taxes des entreprises, les voix d'opposition ne faiblissent pas.

Dès le 21 décembre, les résidents des 31 communes de la métropole de Montpellier (Hérault) n'auront plus rien à débourser pour prendre les transports en commun. Sur simple présentation d'une pièce d'identité et d'un justificatif de domicile, ils se verront attribuer gratuitement leur titre de transport.

Une incitation à abandonner la voiture pour faire de Montpellier "un territoire exemplaire de la transition écologique et solidaire", selon la rhétorique de Michaël Delafosse, maire (Parti socialiste) de Montpellier et président de sa métropole, qui réalise ainsi une promesse phare de sa campagne des élections municipales.

Cette gratuité existait déjà le week-end ainsi qu'en semaine pour les mineurs et les plus de 65 ans. Mais l'élargissement prochain du dispositif à tous les résidents, chaque jour de la semaine, fait fleurir les inquiétudes. Avec une question soulevée par des élus de Montpellier Méditerranée Métropole : si ce n'est les utilisateurs réguliers, qui donc paiera pour financer les transports publics ?

40 millions d'euros par an

En 2023, les transports constituent le premier poste de dépense de la métropole, à 297 millions d'euros. Pour financer ce budget, le paiement des titres de transport représente une manne dont certains élus métropolitains préfèreraient ne pas se priver. "Ce que rapportent les usagers à la table, c'est de l'ordre de 40 millions d'euros par an. On va perdre une recette de 40 millions par an (...) qu'il va falloir retrouver ailleurs", déplore Geniès Balazun, conseiller métropolitain et maire (sans étiquette) de Restinclières, une commune de la métropole de 2 200 habitants. En conseil métropolitain, il s'était abstenu de voter lors du vote pour la gratuité des transports publics en février dernier.

"On va perdre une recette de 40 millions d'euros par an."

Geniès Balazun, conseiller métropolitain

à France 3 Occitanie

"Les transports coûtent cher à l'entretien. Le renouvellement des rails, le renouvèlement des rames coûtent très cher", précise l'édile. Le prix d'installation d'un tramway peut facilement dépasser les 30 millions d'euros par kilomètre de voirie. L'augmentation du prix des énergies pour les intercommunalités depuis deux ans, "de 150%" selon M. Balazun, est également une charge en plus. Dans ce contexte, la gratuité "n'est peut-être pas le bon signal à envoyer aux administrés", argumente-t-il.

Lors du vote de la mesure en conseil métropolitain, la conseillère Alenka Doulain (proche de La France insoumise) avait fait part de sa crainte des "baisses sur les dépenses d’investissements mais aussi sur les dépenses de fonctionnement" du réseau, craignant une "paupérisation" des transports publics de la métropole.

Un service financé par les entreprises

En l'état, la gratuité du réseau pour les résidents de la métropole doit être financé par le "versement mobilité", une taxe dont s'acquittent les entreprises auprès de leurs intercommunalités et qui doit justement servir à soutenir les transports publics. Cette taxe est payée par toutes les sociétés de plus de 11 salariés en France, proportionnellement à leur masse salariale. Dans l'Hérault, les entreprises versent ainsi en moyenne 647 euros par salarié, avance le Mouvement des entreprises de France (Medef), principale organisation patronale française.

Plusieurs présidents de métropoles régionales appellent à l'augmentation du plafond légal du versement mobilité, actuellement fixé par la loi à 2% de la masse salariale d'une entreprise. C'est le cas des présidents des métropoles de Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice et Nantes. Leur appel, relayé par une tribune dans Le Monde, provoque une levée de bouclier des responsables patronaux. "On est l'un des premiers financeurs des transports en commun et on dit : n'alourdissons pas cet impôt au détriment de la performance des entreprises", confie Jean-Marc Oluski, le président du Medef Montpellier, sur France Bleu Hérault. Le président de Montpellier Méditerranée Métropole, Michaël Delafosse, ne s'est pour l'instant pas associé à cette demande de ses homologues d'autres métropoles.

"On est l'un des premiers financeurs des transports en commun et on dit : n'alourdissons pas cet impôt au détriment de la performance des entreprises."

Jean-Marc Oluski, président du Medef Montpellier

sur France Bleu Hérault

Pour Jean-Marc Oluski, "il y a certaines zones de Montpellier qui sont des zones d'entreprises, qui ne sont pas couvertes" par le réseau de transport public de la métropole montpelliéraine. Sur France Bleu Hérault, le responsable du Medef cite les exemples du quartier du Millénaire, à Montpellier, et de la ville de Pérols. Certaines sociétés de la métropole financeraient donc un réseau gratuit dont ne bénéficient pas directement leurs employés. "Il y a des endroits de la métropole qui sont moins développés que d'autres. Si on veut les développer, il faut faire rentrer de l'argent", avance en outre Eric Chaveroche, dirigeant d'une entreprise qui commercialise des pompes de piscine à Lattes, dans la métropole montpelliéraine, et qui s'acquitte du versement mobilité.

Reste l'impact possible de la mesure sur la mobilité. Selon un sondage commandé par la métropole, et alors que les prix des carburants ont augmenté de plus de 2% cette année, 44% des usagers voudraient "prendre plus souvent" les transports en commun une fois la gratuité instaurée.

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