Messaoud Chala raconte la guerre d'Algérie. Avec son livre "J'avais six ans le 1er novembre 1954", il revient sur son histoire familiale marquée par le drame.
Messaoud Chala était professeur de lettres. Désormais retraité, il consacre son temps à l'écriture. Son dernier opus revient sur ses traumatismes de la guerre d'Algérie.
Messaoud Chala est né en Kabylie, il y a 73 ans. A travers ses pages, il se remémore une enfance marquée par un drame familial.
"Depuis ce jour-là, on ne l'a plus revu"
Le père de l'auteur est instituteur et naturalisé français. Il fait partie de l'élite musulmane du pays. Un soir, il est enlevé dans la maison familiale.
Messaoud Chala revient sur cette douloureuse soirée : "Quand j'ai entendu cette façon de frapper à la porte, j'ai dit "Papa n'ouvre pas la porte". Il a hésité quelques instants puis a ouvert. Ils ont poussé mon père dans sa chambre pour l'interroger."
Le jeune garçon qu'il est alors se réfugie dans la cuisine auprès de sa mère.
Messaoud raconte la suite des événements : "Ils l'ont enlevé et depuis ce jour-là on ne l'a plus revu. On a découvert beaucoup plus tard, qu'il avait été décapité le soir même."
La Bleuite, guerre parallèle de l'Algérie
En 1957, les services français lancent une opération de manipulation et d’intoxication de l’Armée de libération algérienne : la Bleuite.
C'était la fameuse bleuite, il ne faut jamais oublier, tous les instituteurs, avocats et médecins ont été exterminés par les fellaghas.
Messaoud Chala, auteur
Les fellaghas sont des combattants algériens, marocains et tunisiens, entrés en lutte dès 1952 pour défendre l'indépendance de l'Algérie. Le pays faisait pourtant partie intégrante du territoire français.
Une page de l'histoire difficile à tourner
Le livre dénonce le code de l'indigénat du début de la colonisation jusqu'à l'indépendance et les horreurs d'une guerre déclenchée neuf ans après.
Cette page de l'histoire est difficile a tourner. Elle a été remise au goût du jour par Emmanuel Macron en septembre dernier.
Messaoud Chala réagit : "Il a osé dénoncer la façon dont la France a reçu les harkis. Les trois quarts étaient restés au pays et ont été exterminés par le pouvoir de Ben Bella, et le peu d'indigènes qui sont venus en France était parqués dans des centres d'hébergement comme une race inférieure."
Le chef de l'Etat a "demandé pardon" pour avoir "manqué à ses devoirs" à l'égard des Harkis et a annoncé une loi de reconnaissance et de réparation.