L'enquête n'est pas close mais la ministre de la Culture désigne Anne Matheron pour gérer l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Montpellier secouée par une affaire de harcèlements présumés. Nommée pour au moins 4 mois, l'administratrice est chargée de restaurer un "climat d'étude serein".
C'est une collaboratrice du ministère de la Culture, ancienne administratrice du Centre des Monuments nationaux, qui est chargée de ramener un peu de sérénité au sein de l'Ecole supérieure d'architecture de Montpellier (ESAM). Cette nomination d'Anne Matheron fait suite à l'enquête administrative ouverte fin 2020 après le signalement de faits de harcèlements. Sans dévoiler les résultats définitifs de l'enquête interne, le ministère de la Culture dit mettre en place des procédures disciplinaires.
La priorité affichée de lutte contre le harcèlement dans le domaine culturel
"A la suite de l'enquête administrative sur de présumés propos et comportements à connotation de harcèlement moral et de possibles violences sexistes et sexuelles, le ministère de la Culture met en oeuvre l'ensemble des procédures disciplinaires et signalements nécessaires. Une attention particulière sera portée aux dispositifs d'alerte, de soutien psychologique et de prévention"
La ministre Roselyne Bachelot,qui a fait de la lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le secteur de la culture une de ses priorités affichées, avait fait savoir qu'elle allait nommer une personnalité pour y restaurer "un climat d'étude serein". C'est chose faite. Une nomination provisoire (4 mois minimum, jusqu'à la fin de l'année d'études engagée) qui pourrait se prolonger selon les résultats de l'enquête.
Des accusations de harcèlement et violences sexuelles ou sexistes
Une enquête préliminaire avait été ouverte fin 2020 portant sur des faits de harcèlement moral et de possibles violences sexuelles ou sexistes visant des étudiants, des enseignants ou des personnels administratifs, comportements dénoncés par une vingtaine de personnes.
Ce climat délétère au sein de l'Ensam avait été dénoncé par le site local d'information Le D'Oc, se basant sur les conclusions d'un pré-rapport sur les risques psycho-sociaux dans l'établissement et largement relayé par la presse nationale (journal Libération) et locale.
"Mettre un terme à l'omerta mafieuse"
L'expression est beaucoup plus forte que restaurer "un climat d'étude serein"... et elle émane du Syndicat de Combat universitaire de Montpellier (SCUM). Un syndicat qui salue la nomination d'Anne Matheron avec la mission de remettre de l’ordre dans les instances de direction de l’école mais regrette qu'il ait fallu employer les "grands moyens" pour que l'affaire soit prise au sérieux en plus haut lieu:.
Selon le syndicat, "ces dysfonctionnements, cristallisés par des faits de harcèlements moraux et sexuels, ont, depuis plusieurs années, été dénoncés, en vain par certains enseignants par courrier au ministère de la Culture"
Il aura fallu une saisie du procureur de la République, de nombreux articles de presses, des actions en justice et, clou du spectacle, des tags dénonçant l’impunité de Jacques Brion, Élodie Nourrigat, Laurent Duport et le très regretté ancien directeur Alain Derey, mis au chaud à la direction de la librairie Sauramps, sur le mur d’enceinte de l’école, pour que le ministère de la Culture daigne enfin s’occuper de son école.
Le SCUM se dit optimiste sur les effets de cette nomination : pour le syndicat, Anne Matheron "fera tout ce qui est en son pouvoir pour rétablir la pédagogie à la première place des priorités de l’établissement, mettre un terme à l’omerta mafieuse en place et rétablir une structure de fonctionnement propice à l’épanouissement de tous les étudiants, des enseignants et du personnel administratif".
Le reportage de Thierry Will et Lou Florentin à l'école d'Architecture de Montpellier où la sérenité est encore loin d'être restaurée...