Difficultés d'approvisionnement, baisse de la fréquentation et clientèle hésitant à la dépense : dans l'Hérault, l'économie souffre du mouvement des Gilets jaunes. Le commerce est le secteur le plus touché, entre alors que décembre est traditionnellement un mois de forte consommation.
Avec déjà 3 samedis de manifestations et une nouvelle mobilisation qui se profile pour ce 8 décembre 2018, les clients ne se bousculent pas pour faire leurs achats de Noël. Le mouvement des Gilets jaunes commence à peser sur la consommation. Ainsi, depuis le 17 novembre, depuis sa boutique du cœur de ville de Montpellier, Muriel Mulko voit chaque samedi défiler les Gilets jaunes, mais pas les acheteurs. Et comme les autres commerçants, indépendants ou franchisés, elle est inquiète :
Moi j'ai des clientes qui me disent clairement : "samedi, on ne sort pas, avec tout ce qui est prévu".
Vers une ouverture anticipée des commerces le dimanche ?
Cette gérante de 2 magasins, à Nice et Montpellier, évoque une baisse de 40 à 50% de son chiffre d'affaires. Et elle n'est pas la seule. Face aux manifestants, même le Polygone a dû fermer quelques heures ces 2 derniers samedis. Alors que la période des fêtes est cruciale pour eux, les commerçants cherchent des solutions. Véronique Pérez, présidente du comité de commerçants "Plein Centre", évoque la probabilité d'une ouverture dimanche 9 décembre, alors qu'en centre ville, traditionnellement, seuls les 2 dimanches avant Noël sont travaillés. Mais cela ne permettra sans doute pas de rattraper les ventes perdues.
Les zones périphériques plus touchées que les centre-villes
Les centres villes restent cependant moins touchés que les zones périphériques, plus exposées aux barrages qui rendent leur accès difficile. Le propriétaire de 5 magasins de sport de l'Hérault nous a confié avoir estimé ses pertes à 500.000 euros : pour ses boutiques du Montpelliérain, la baisse est de 10 à 15%, mais pour celles du reste du département, le chiffre d'affaires a chuté de 30 à 50% : la marchandise a bien été livrée, mais la clientèle n'est pas au rendez-vous, d'où des problèmes de trésorerie qui se profilent.
Cellule de crise et étalement de la dette
La chambre de commerce et d'industrie (CCI) de l'Hérault ente de faire face à l'urgence, comme l'explique Philippe Sempéré, élu à la section "Commerce" :
Nous avons eu une réunion en préfecture, elle a ouvert une cellule de crise qui centralise via notre intermédiaire les demandes d'étalement de la dette fiscale et sociale des commerçants sur 2019. De notre côté, on va aussi demander aux municipalités de nous aider, avec 2 heures de parking offertes.
350 mesures de chômage partiel dans l'Hérault
Au 5 décembre, dans l'Hérault, l'emploi paraît préservé. Seules 15 entreprises ont fait une demande de mise en chômage partiel de leur personnel. Il s'agit de 8 grandes surfaces, d'un bar, d'un coiffeur, d'un marchand de pneus, d'une station service et d'un transporteur, soit 350 salariés sur les 350.000 que compte le département. Comme l'explique Richard Liger, le directeur régional adjoint et responsable de l'unité de l'Hérault de la DIRECCTE Occitanie (Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'emploi). Il détaille ces mesures et leur portée dans l'interview ci-dessous :
Impact social limité
L'impact social semble donc amorti. Mais jusqu'à quand ? Voici le reportage de Valérie Cohen-Luxey et Benoît de Tugny.