Ces zones tampons visent à protéger les riverains mitoyens des champs lors de l'épandage de produits phytosanitaires. Mais problème : agriculteurs, viticulteurs et associations de défense de l'environnement attaquent le décret d'application.
La vigne végète encore en cette fin d'hiver mais pour les vignerons, la colère est déjà montée. Depuis le 27 décembre dernier, un décret fixe des zones de non traitement près des habitations (ZNT).
Le dispositif a pour but de protéger les riverains contre l'épandage de produits phytosanitaires.
Une décision incompréhensible pour Pascal Marié, viticulteur à Puilacher, et réprésentant de la coordination rurale dans l'Hérault :
Rien qu'ici je vais perdre 4% de la parcelle, et ce phénomène est reconductible sur d'autres endroits de l'exploitation. Pascal Marié
Un pavillon au bord de la vigne, paradis ou enfer sanitaire ?
L'urbanisation n'a de cesse de grignoter les terres agricoles, de plus en plus de lotissements sont construits à deux pas des vignes. Alors, ces ZNT sont vécues comme un nouveau recul par une grande partie des profesionnels du vin. Beaucoup craignent une perte de productivité.
C'est pourquoi la coordination rurale vient de saisir le Conseil d'Etat pour faire annuler l'arrêté fixant ces distances minimales :
Ce décret va braquer les ultras qui diront que ça ne va pas assez loin et ça va mettre en difficulté des agriculteurs avec leur voisinage. Pascal Marié
Un autre recours déposé par les assocations
Jusqu'à présent, la France ne possédait aucun texte pour protéger les riverains des zones agricoles. Le gouvernement a dû produire ce réglement en urgence à la demande du Conseil d'Etat. Résultat : un décret qui fait l'unanimité contre lui.
L'association France Nature Environnement a aussi saisi le Conseil d'Etat pour faire annuler les ZNT comme l'explique Carmen Etcheverry, secrétaire générale de l'association en Languedoc-Roussillon :
Un premier jugement en référé a été rendu vendredi dernier, à la suite de la saisine du collectif des maires anti-pesticides emmené par le maire de Langouët en Bretagne.On considère que c'est une mesure prise à la va-vite et qu'elle ne protège pas la santé des riverains. On pense que ces terres ne sont pas perdues. Il faut les convertir à l'agriculture biologique par exemple. Carmen Etcheverry
Le Conseil d'Etat a rejeté leur demande en urgence mais ne s'est pas prononcé sur le fond.