La saison des feux de forêt apparaît généralement lorsque le vent et l'état de sécheresse des végétaux occasionnent des incendies plus difficiles à maîtriser. On vous explique pourquoi ces conditions ont été réunies plus tardivement en 2024 que lors des étés précédents.
Quatre incendies d'ampleur en trois jours : la saison des feux a débuté dans l'ex Languedoc-Roussillon. Mais cette année, elle s’est déclenchée si tardivement qu’on a presque espéré y échapper.
Pourquoi a-t-il fallu attendre le 18 août pour voir le premier feu d’ampleur se déclencher dans la région, dans le massif de la Gardiole entre Gigean et Frontignan (Hérault) ?
Les feux dont on ne parle pas
C’est tout d'abord en partie grâce aux soldats du feu, qui travaillent à la maîtrise des incendies depuis le début de l'été. "La stratégie française, c'est l'attaque massive des feux naissants", renseignait Eric Flores, le directeur du Service départemental d'incendie et de secours de l'Hérault (Sdis), sur le plateau télévisé de France 3 Occitanie, lundi 19 août.
95% des feux de forêt sont éteints à moins de cinq hectares. L'activité des sapeurs-pompiers, c'est aussi de faire en sorte qu'on ne parle pas de nous.
Eric Flores, chef du corps des pompiers de l'Hérault
Malgré les efforts des pompiers, les feux des derniers jours ont malheureusement causé plus de dégâts. Et cela s'explique aussi par des facteurs météorologiques.
Le réchauffement climatique, un accélérateur
Selon les experts que nous avons interrogés, deux facteurs conditionnent le déclenchement d’un incendie : une végétation sèche, propice à l’embrasement, et le vent, facteur de dispersion du feu. En ce sens, le réchauffement climatique accroît les risques, car il agit sur la teneur en eau des végétaux.
"Plus il fait chaud, plus on observe des phénomènes d'évaporation et de transpiration des végétaux, qui se dessèchent plus vite, et facilitent l'éclosion des feux", nous explique l'agrométéorologue Serge Zaka.
Depuis plusieurs années, la hausse du mercure offre donc des conditions favorables aux feux de forêt. Et elle explique en partie la catastrophe de 2022, année qui a vu près de 800 000 hectares partir en fumée, selon France Info.
Plus de pluie au printemps
En 2024, les premières vagues de chaleur sont survenues plus tard qu'à l'accoutumée, "avec un premier épisode fin juillet, et un deuxième la semaine dernière dans la région", commente Guillaume Trichaud de Meteo France Sud-Est.
Mais ce n'est pas l'unique explication au déclenchement tardif de la saison des feux. Dans le Languedoc-Roussillon, au contraire des années précédentes, la pluie était au rendez-vous ce printemps et elle a duré jusqu'au mois de mai, ce qui a "retardé l'assèchement des végétaux", poursuit le météorologue, spécialiste des feux de forêt.
Moins de tramontane et de mistral
À cela se sont ajoutées des particularités venteuses. En raison d'une dépression située au large du Portugal, ce n'est pas l'habituel couple tramontane/mistral, mais des vents venus du sud qui ont soufflé sur la région au mois de juillet.
Quelle différence ? "Les vents méditerranéens sont plus humides et moins forts" répond l'agrométéorologue Serge Zaka, tandis que la tramontane et le mistral sont "des vents secs, forts, continus et tourbillonnants, qui facilitent la dispersion des feux".
Il a donc fallu attendre le retour des vents du nord et un état d'assèchement avancé des végétaux, tous deux tardifs cette année, pour que le risque d'incendie soit au plus haut dans la région.
La moitié de l'Hérault toujours en vigilance rouge
Les pluies du 15 août, "abondantes mais disparates" n'ont pas suffi à protéger le territoire contre les feux des derniers jours, qui se sont par ailleurs plus rapidement propagés en raison de "températures élevées, supérieures à 30 degrés", termine Guillaume Trichaud.
La tramontane souffle sur l'Hérault pour la quatrième journée d'affilée. Le centre, le sud et l'ouest du département restent en vigilance rouge ce mercredi 21 août (voir la carte ci-dessus) : le risque d'incendie est "très élevé" dans ces secteurs.