Alors que les candidats se multiplient pour la présidentielle de 2022, les journées parlementaires du parti socialiste s’ouvrent à Montpellier. Rencontre avec son maire Michaël Delafosse, Valérie Rabault, cheffe des députés socialistes et Patrick Kanner, président du groupe socialiste au sénat.
"Cette année, les journées parlementaires du parti socialiste marquent le début de la course de fond pour la présidentielle de 2022". Valérie Rabault, présidente du groupe "socialistes et apparentés" à l'assemblée nationale, donne le ton.
Nous organisons avec les @senateursPS nos journées parlementaires à Montpellier. Merci @MDelafosse pour son accueil.
— Députés Socialistes et apparentés (@socialistesAN) September 6, 2021
L’objectif de nos trois journées de travail : construire la majorité parlementaire de demain. pic.twitter.com/e1OaHyLVhw
Pendant trois jours, députés et sénateurs P.S participent à des ateliers thématiques afin de préparer l'élaboration d'un programme socialiste pour les élections présidentielles et législatives de 2022. Mais qu'est-ce qui différencie les socialistes des autres élus aujourd'hui? Nous avons posé la question à la députée Valérie Rabault, au sénateur Patrick Kanner et au maire de Montpellier Michaël Delafosse.
Croire au progrès
Pour Valérie Rabault, le progrès est devenu un gros mot, absent du langage de la plupart des politiques aujourd'hui. La présidente des députés socialistes et apparentés, en est pourtant sûre: le progrès est un mot fort pour la gauche. "C'est le progrès au sens large, social évidemment, mais aussi technologique ou industriel. En cela, je suis souvent en opposition avec les écologistes. Je milite pour la réindustrialisation de la France, pour produire des médicaments sur place par exemple", détaille la combative députée du Tarn-et-Garonne.
Lors des journées parlementaires à Montpellier, Valérie Rabault va présenter une liste de 10 régressions constatées lors du quinquennat d'Emmanuel Macron. "La parité hommes-femmes par exemple, soi-disant grande cause de ce quinquennat, on en est bien loin." Et une liste de 10 propositions concrètes pour faire progresser la France. Pour elle, élus locaux et nationaux travaillent forcément ensemble : "les politiques nationales ont des conséquences locales. Et les municipalités expérimentent concrètement nos idées."
C'est en travaillant au double niveau local et national que l'on peut élaborer un programme proche des préoccupations des gens.
Défendre ses valeurs
Michaël Delafosse, maire de Montpellier et Président de la Métropole, est ravi d'accueillir ses journées parlementaires."Ce n'était pas arrivé depuis 1998, nous avions reçu Lionel Jospin", rappelle-t-il, "alors pour nous c'est une reconnaissance de notre travail municipal, avec la gratuité des transports, la priorité sur le budget de l'éducation et la sécurité du quotidien."
Le maire de Montpellier, professeur d'histoire et géographie, insiste sur l'héritage de la gauche socialiste, ses grands combats qui ont forgé son identité depuis un siècle : "la spécificité des socialistes, c'est leur histoire. Elle s'est construite sur des valeurs, sur la lutte contre les inégalités, sur la défense de la laïcité. Des valeurs que nous avons parfois mal défendues, nous avons aussi commis des erreurs, comme la loi travail. Il faut en tirer les leçons. Mais c'est notre sincérité qui fera la différence, dans cette période de grande défiance envers les élus."
Je déteste l'opportunisme politique. Changer de camp en fonction de ses intérêts électoraux, c'est inadmissible.
L'élu montpelliérain, membre du P.S sans discontinuer depuis 1993, estime que c'est notamment sa fidélité à ses valeurs qui lui a permis de remporter la ville lors des dernières municipales, alors qu'il était au départ loin d'être favori dans les sondages.
Lutter contre les injustices
Une fidélité mise en avant aussi par Patrick Kanner, ancien ministre de la ville, de la jeunesse et des sports (de François Hollande), sénateur du nord et président du groupe socialistes, écologistes et républicains au sénat. "La macronie est une immense supercherie" assène celui qui est entré en politique au P.S en 1975, "il est urgent de proposer une alternative".
Le duel Macron-Le Pen n'est pas une fatalité, la gauche rassemblée a toutes ses chances.
Pour lui, le rassemblement de la gauche doit se faire autour du candidat socialiste, "la force politique qui a le plus d'élus locaux et nationaux".
"L'injustice sociale est un moteur de l'engagement politique. La transition écologique est un enjeu essentiel mais pas au détriment de la lutte contre les inégalités sociales, qui ont énormément progressé depuis 2018, avant même la crise sanitaire", estime Patrick Kanner, "il n'y a pas d'opposition entre la fin du monde et la fin du mois, les deux sont liées."
Anne Hidalgo, candidate idéale?
Valérie Rabault, Michaël Delafosse et Patrick Kanner n'en font pas mystère : ils soutiennent tous les trois la candidature d'Anne Hidalgo pour la présidentielle. La maire de Paris est d'ailleurs l'invitée vedette de la deuxième journée des parlementaires socialistes mardi 7 septembre. Elle n'a pour l'instant pas officialisé sa candidature mais multiplie les signes en consultant les élus locaux et nationaux et en occupant la scène médiatique.
Une trentaine de candidats à l'élection présidentielle 2022 se sont déjà déclarés, tous bords confondus. Arnaud Montebourg, ancien ministre socialiste de l'économie et du redressement productif, aujourd'hui sans parti, l'a fait samedi 4 septembre. Certains partis, dont le parti socialiste, ont décidé d'organiser une primaire afin de permettre aux militants de départager les candidats. Le premier débat de celle d'Europe Ecologie Les Verts a eu lieu la semaine dernière.