Les titres-restaurant auront totalement disparu sous leur forme papier avant 2026. Adoptée par une majorité de restaurateurs et de consommateurs à Montpellier, la mesure profite aussi à Swile, une start-up locale. Seuls citoyens désavantagés : les SDF, qui dépendent en partie de ces bouts de papier pour manger.
La dématérialisation des tickets-restaurants est-elle à l'avantage de tous les Montpellierains ?
Pas de doute, du côté des commerçants. Annoncée le 2 octobre par la ministre du Commerce Olivia Grégoire, la suppression totale des titres-restaurant papier - prévue avant 2026 - enlève une belle épine du pied aux restaurateurs.
Un soulagement administratif...
Une fois les tickets réceptionnés, le comptable d'une enseigne doit effectivement les trier par opérateur, les compter, les tamponner, les enregistrer, les poster... Puis attendre, parfois plusieurs mois, avant de voir revenir l'argent sur le compte de l'entreprise. Sans compter les 6 à 8% de commission perçue par les fabricants de tickets à chaque échange.
5 millions de salariés utilisent des titres restaurants.
— Olivia Gregoire (@oliviagregoire) October 2, 2023
Aujourd’hui, le constat c’est qu’un quart des commerces n’acceptent plus les titres papiers car cela devient de plus en plus compliqué et coûteux.
🪪 Avant 2026, je souhaite qu’on passe à leur dématérialisation totale. pic.twitter.com/hypnzNySJR
Et c'est encore pire depuis que la CRT, l’organisme qui rassemblait auparavant l'ensemble des tickets-restaurant de France, a fermé ses portes en février 2023. Depuis cette date, les entreprises émettrices se sont multipliées et les tâches administratives avec elles.
Une pizzeria de Montpellier a pris les devants. Comme un quart des établissements du pays, elle n'accepte plus les titres papier. "On a eu des faux tickets-restaurants, d'autres dont la validité avait expiré", explique un vendeur au micro de France 3 Occitanie.
...qui profite à la majorité des acteurs économiques
Fondée à Montpellier, la start-up Swile en a aussi tiré profit. En l'espace de cinq ans, l'entreprise de carte restaurant, fruit du génie de Loïc Soubeyrand, a embauché 1000 employés et raflé 33% des parts du marché. De quoi hisser son fondateur dans la liste des 500 plus grosses fortunes françaises.
Une évolution qui semble enfin satisfaire une majorité de consommateurs. Possibilité de dépenser la somme de son choix - généralement entre 0 et 25€ -, de payer sans contact ou même depuis son smartphone... Les cartes restaurants laissent plus de liberté au client.
Pour ceux moins à l'aise avec les outils numériques, reste à accepter la disparition matérielle, et parfois rassurante, des tickets papiers. Et éventuellement se faire accompagner par les plus jeunes, ou les plus expérimentés, pour se créer un espace utilisateur en ligne, activer sa carte et suivre l'évolution de son solde disponible.
Les plus précaires laissés derrière
Les sans domicile fixe sont, en somme, les seuls grands perdants de cette évolution dans l'air du temps. Alors que les pièces de monnaie désertent nos poches depuis plusieurs années, la disparition des tickets-restaurants devrait faire grimper un peu plus haut les chiffres de l'extrême pauvreté.
Un titre papier se donne souvent plus volontiers qu'un billet de 10€, à la valeur pourtant équivalente. Difficile à croire que les passants rentreront aussi facilement dans les boutiques pour acheter un repas aux citoyens dans le besoin avec leur carte Swile.
Selon l'association Entraide SDF Montpelier, 2000 personnes survivent sans abri dans la capitale de l'Hérault. En France, le nombre de SDF a doublé depuis 2012. Le taux de pauvreté, lui, n'a cessé d'augmenter ces vingt dernières années.