"Cluster 17" est un nouveau venu au royaume des instituts de sondages. Ce laboratoire d'études de l'opinion, fondé en novembre à Montpellier, analyse l'électorat par "clusters", c'est-à-dire par groupes d'électeurs, pour dépasser le clivage droite/gauche.
Créé par l'universitaire montpelliérain Jean-Yves Dormagen, l'institut de sondage "Cluster 17" publie chaque semaine un baromètre des intentions de votes, depuis novembre dernier.
Sa méthode se veut innovante : ce laboratoire d'étude de l'opinion classe les électeurs dans 16 "clusters" différents et détaille les intentions de vote de chacun d'entre eux.
Grâce à un questionnaire rapide accessible sur leur site Internet, chacun peut déterminer à quelle catégorie il appartient.
Le clivage gauche/droite a été longtemps une des grandes catégories d’analyse des chercheurs et des politologues, mais aujourd'hui, il ne rend plus compte de l’organisation des votes. C’est pour ça que nous avons imaginé une autre manière de procéder, par cluster.
Jean-Yves Dormagen,professeur de sciences politiques
"Une analyse plus fine"
Une dizaine de collaborateurs travaillent avec cette nouvelle start-up du sondage : des universitaires, statisticiens, ou spécialistes de la communication, ont divisé les Français en 16 groupes de sensibilités idéologiques différentes.
Parmi les différents groupes, on trouve des Solidaires, des Libéraux, des Révoltés, des Réfractaires, des Identitaires ou des Euroseptiques. Le but est de mieux comprendre le choix des électeurs et donc de prédire les résultats à l'élection présidentielle.
Par exemple, dans le cluster des Eurosceptiques, qui rassemble un électorat plutôt populaire, Marine Le Pen est en train de baisser, alors qu'Eric Zemmour monte.
"Si cette tendance devait se confirmer encore", explique Jean-Yves Dormagen, qui est aussi un spécialiste de l'abstention, "cela permettrait de comprendre pourquoi Éric Zemmour serait en situation de prendre le lead et de dépasser Marine Le Pen dans les sondages. Voilà à quoi sert la "clusterisation", à comprendre les tendances qui sont en train de se produire de manière fine à l’intérieur de l’électorat ".
Les réserves de la commission des sondages
Si ce laboratoire est bien reconnu par la commission des sondages, cette institution, qui vérifie l'honnêteté de la confection des sondages, émet néanmoins quelques réserves sur la méthodologie employée :
"Les méthodes de travail de Cluster 17 et la faiblesse des moyens mis en œuvre font douter de la qualité des sondages produits".
La commission met particulièrement en cause "la représentativité d’échantillons provenant (...) d’un stock d’adresses électroniques acquises à bas coût, sans aucune garantie sur l’origine de ces adresses, sur la qualification des personnes qu’elles représentent et sans aucun contrôle de Cluster 17 sur cette base".
Pour ces raisons, "la commission des sondages invite les lecteurs des sondages réalisés par Cluster 17 à une prudence particulière dans l’appréciation de leur pertinence."
Des arguments que le fondateur du laboratoire d'étude balaie d'un revers de main.
Pour moi, une méthode se mesure à ses résultats. Les électeurs voteront le 10 avril, on verra bien alors si nos sondages sont si éloignés que ça de la réalité !
Jean-Yves Dormagen,fondateur de "Cluster 17"
Réponse donc dans quelques semaines, dans les urnes.
Pour le moment, c'est le seul institut de sondage à créditer Jean-Luc Mélenchon de 13 % des voix, soit 2 à 3 points au dessus des sondeurs traditionnels.