La fermeture des commerces non-essentiels met en difficulté les magasins de jouets à l'approche des fêtes. Les grandes enseignes mettent en place le "click and collect", mais les petits magasins de jouets qui n'ont pas de site internet attendent un miracle de Noël.
Les magasins de jouets sont touchés de plein fouet par les nouvelles mesures sanitaires. La totalité des stocks ou presque est arrivée en prévision de Noël. La fermeture des commerces non-essentiels tombe donc on ne peut plus mal.
Le JouéClub de Saint-Jean-de-Védas, près de Montpellier, a opté pour le "click & collect". Le client commande par internet sur le site de l'enseigne, ou par téléphone, et vient ensuite récupérer son colis au comptoir à un créneau horaire bien défini. Les clients payent sur place, ou non, si le jouet ne leur convient pas.
Des ventes anecdotiques pour les drives
Une solution qui dépanne les consommateurs, mais le succès habituel du magasin au mois de novembre n'est pas au rendez-vous. "Les ventes sont anecdotiques par rapport à une fin d’année classique pour l’instant", estime Sandrine Gayraud, la responsable du magasin, pour qui la période de Noël représente un peu plus de la moitié de son chiffre d'affaire annuel.On s’était projeté sans le confinement, on voyait que ça fonctionnait bien en magasin, les gens respectaient bien les gestes barrières, donc ça a été la douche froide cette annonce. Nous c’est notre saison, c’est 55% de notre chiffre d’affaire qui se fait sur deux mois.
Pas de quoi écouler les stocks de jouets, déjà constitués à 90 %. Certains parents ont néanmoins opté pour cette solution. Une mère de famille rencontrée sur place apprécie le calme, ce lundi matin. Elle s'y est pris en avance, contrairement à son habitude, pour justement éviter le rush de Noël. "Je pense qui va y avoir un petit peu le feu quand les gens vont se réveiller, et je ne suis pas très optimiste pour le déconfinement. Donc au moins, ma fille aura ses cadeaux de Noël, elle croit encore au père Noël donc c’est important."
Les petits magasins aux aboies
D'autres parents expliquent que le choix a été facile : "Le père Noël a déjà reçu sa commande", sourit une cliente. Mais pour Alain Simon, responsable du petit magasin de jouets traditionnels Pomme de Reinette et Pomme d'Api, dans le centre-ville de Montpellier, un jouet a besoin d’être touché, regardé, et le client d'être conseillé.
"On a plus qu’une seule solution, c’est de commander un objet virtuel. Mais c'est l’inverse de ce qui nous faisons depuis 50 ans". Alain Simon n'a jamais pris le virage du numérique. Aujourd'hui, est donc contraint de baisser le rideau et de mettre ses cinq employés au chômage partiel.
Mais le commerçant ne perd pas espoir. Il a passé le week end à déballer les commandes qu’il a reçu.
Je fais confiance à l’intelligence de nos édiles pour ne pas mourir dans cette situation stupide. Maintenant, nos stocks sont là, on va faire quoi, on va les jeter ? On va les vendre à Pâques ? C’est maintenant que nous pouvons travailler et que nous devons travailler.
Le gérant réalise 40% de son chiffre d’affaires au moment des fêtes. Il souhaiterait pouvoir rouvrir son magasin dès maintenant, avec très peu de clients à l'intérieur et des horaires étendus s'il le faut.
Selon lui, il aurait fallu laisser les commerçants ouvrir, mais prévenir la population de faire ses achats en avance, afin de réduire le flux du rush de Noël. Au contraire, pour Alain, le confinement va profiter aux grands groupes, et peut-être entraîner la fermeture définitive des magasins de proximité.À Noël, les gens auront envie de se retrouver. Ayant été enfermés et privés de contacts au maximum, on va exacerber cette rencontre et la rendre dangereuse. L’intelligence voudrait que l'on étale ou dilue les visites dans le temps à partir de début novembre, plutôt que de se concentrer sur la dernière semaine.