Confinement : les magasins de jouets fermés dénoncent la concurrence déloyale des grandes surfaces

A deux mois de Noël, qui représente 60 % de leurs ventes annuelles, les magasins de jouets s'inquiètent de leur fermeture. Surtout, ils dénoncent la concurrence que représentent les rayons jeux des hypermarchés restés ouverts. Leur fédération a déposé un recours devant le Conseil d'État. 

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Les rayons des magasins de jouets sont pleins à craquer et pourtant depuis jeudi soir, plus aucun chaland ne peut s'y aventurer. "Une catastrophe économique" pour l'ensemble des professionnels qui réalisent 60% de leur chiffre d'affaires en cette fin d'année en prévision de Noël. 
 

J'ai été frappé par le désarroi des parents jeudi qui se désespéraient de ne pouvoir offrir à leurs enfants le jouet qu'ils attendent

Jacques Baudoz, commerçant à Pontarlier, PDG de la coopérative JouéClub


Au sein de la coopérative de magasins JouéClub - leader en France avec 300 magasins- un millier de saisonniers venaient d'être embauchés, soit 40% d'effectifs en plus, pour assurer les ventes de fin d'année. Le PDG, Jacques Baudoz, propriétaire de trois magasins à Pontarlier et Champagnole, s'inquiète pour tous les professionnels du secteur.

"Nous avons déjà été fermés en mars et avril, cependant au déconfinement, les gens étaient revenus vers nous, explique-t-il. Mais là, ils ne pourront pas offrir les jouets à leurs enfants et pour nous les conséquences économiques vont être terribles. Nous comprenons les restrictions sanitaires et nous les appliquons rigoureusement. Nous sommes prêts à ouvrir de 8h à 22h et limiter le nombre de clients qui pénètrent en même temps dans les magasins. Mais il faut absolument que nous soyons inscrits dans la liste des secteurs essentiels bénéficiant d'une autorisation d'ouverture durant le confinement."

Chaque commerçant ou dirigeant de groupement de magasins a donc pris son bâton de pèlerin pour rencontrer élus locaux et délégués auprès des ministères. 

Concurrence des grandes surfaces

Ce qui rend les commerçants de jouets encore plus en colère, c'est que les hypermarchés eux, profitent de leur ouverture en tant que commerces alimentaires pour vendre les jeux et jouets qu'ils possèdent en rayon. Certaines enseignes, peu scrupuleuses, ont attiré dès jeudi les clients par des rabais alléchants. 

Aussi la Fédération des Commerces spécialistes des Jouets et des Produits de l’Enfant (FCJPE), qui regroupe King Jouet, PicWicToys, JouéClub, La Grande Récré, Jouets Sajou, Disney Store, Maxitoys, Oxybul, Orchestra et Micromania Zing, a déposé vendredi soir un référé devant le Conseil d’État pour violation manifeste du principe d’égale concurrence. 

"Le principe d’égale concurrence constitue en effet le fondement des principes de libre concurrence et de liberté d’entreprendre, aucun handicap ne doit fausser la compétition. Le gouvernement est tenu de respecter et faire respecter ce principe", précise la fédération. Rappelant que le marché français du jouet pesait l'an dernier 3,5 milliards d'euros et que la part des spécialistes s'approchait des 40%.

La fédération espère ainsi obtenir la fermeture des rayons jouets dans les hypermarchés, comme les libraires ont obtenu celle des rayons livres. Et ceci seulement en attendant la réouverture des magasisn de jouets. 
 

La solution du Click & Collect jugée insuffisante

Quant à la vente en ligne, les magasins de jouets n'ont pas attendu le confinement pour s'y mettre. Néanmoins, cet outil leur paraît insuffisant pour compenser leur fermeture.

"Il y a tout un public, comme des grands-parents ou des personnes qui n'ont pas de connexion Internet, qui ne se rendra pas sur notre site web, devine Jacques Baudoz. Cela ne compensera jamais le chiffre d'affaires manquant, d'autant que d'autres plateformes internationales ont une force de frappe bien plus importante. Il y a aussi toutes les primes et bons d'achat sous forme de papier que les salariés reçoivent en fin d'année, qui sont compliqués à utiliser sur le net. Enfin, beaucoup de clients ont besoin de conseil et d'orientation. Moi, qui suis installé depuis 1995 à Pontarlier, je connais certaines familles sur trois générations. C'est une relation irremplaçable..."
 
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