La cour d'appel de Montpellier a rendu son jugement ce lundi : elle a condamné à six ans de prison ferme la conductrice qui a causé la mort de Laurena Bazizi, 22 ans, en février 2019. La jeune femme conduisait alcoolisée, sous l’emprise de stupéfiants, tout en se filmant avec son téléphone portable.
Le 20 février 2019, vers 23h, Laurena Bazizi roule sur la D58, près de Lattes, lorsqu’elle est percutée par un autre véhicule. A son bord, une conductrice âgée de 26 ans, alcoolisée et sous l’emprise de stupéfiants. Celle-ci tente de réaliser un dépassement malgré les bandes continues, roule à 107 km/h sur une portion limitée à 70km/h, et filme son compteur avec son smartphone. Suite à la collision, Laurena, alors âgée de 22 ans, décède sur le coup.
La cour d'appel de Montpellier a condamné la conductrice à six ans de prison ferme non aménageables, ainsi qu'à dix ans d'interdiction de passer le permis de conduire.
Un jugement plus sévère en appel
Lors du délibéré prononcé ce lundi, la prévenue et son avocat étaient absents, malgré leur convocation. Un mandat de dépôt a été prononcé avec effet immédiat. La jeune femme va être incarcérée et devra purger sa peine en prison, contrairement à la première décision qui l'avait laissée libre, du fait des remises de peine.
L'avocate des parents de la victime, Me Laetitia Leroy Szwed, s'est dit satisfaite de ce délibéré. "C’est une décision lourde, dans l’absolu, mais la conductrice va purger sa peine, et c'est une vraie satisfaction." En première instance, l'avocate de la famille de Laurena avait même demandé une requalification en homicide volontaire, plutôt qu'involontaire. Elle n'a pas réitéré cette demande en appel, car celle-ci avait peu de chance d'être acceptée.
En première instance, en octobre 2020, la conductrice avait été condamnée à cinq ans de prison dont un an avec sursis et trois ans d'interdiction de passer le permis. Le parquet avait fait appel. Bien plus sévère, cette nouvelle condamnation, assez unique dans un dossier d’accidentologie routière, pourrait faire école.
Le soulagement pour les proches
Présent lors du délibéré, Mohamed, le père de Laurena, souhaite que le cas dramatique de sa fille marque les esprits.
Cette peine ne réparera jamais ce qui s'est passé, mais c’est important pour la jeunesse de faire passer ce message : on ne peut pas se permettre de boire, de faire toutes ces infractions au volant et de s'en sortir sans rien avoir.
Mohamed BaziziPère de Laurena
La conductrice roulait avec 1,93 g d’alcool dans le sang et était sous l’emprise de la cocaïne et du cannabis.
Après une première décision qui les avait profondément choqués, la famille et les amis de Laurena attendaient ce délibéré avec fébrilité. "Aucune peine ne nous ramènera notre sœur, notre amie, notre fille... une merveilleuse personne. Mais je suis heureuse qu'on se soit battus et qu'on soit restés soudés", explique Leïla Hiouli, une amie très proche de Laurena. "Aujourd'hui il y a une forme de soulagement, parce que justice a été faite."
Suite à cette affaire, Me Laetitia Leroy Szwed affirme travailler sur des éléments pour "faire évoluer la loi" sur les cas d'accidents de la route présentant autant de circonstances aggravantes.