Depuis la mi mai, les gens qui vivent ou travaillent dans le quartier du Millénaire à Montpellier peuvent acheter des légumes bios qui ont poussé en pleine terre, près des immeubles. Quatre maraîchers se sont associés pour redonner vie à une ancienne ferme, appartenant à la Métropole.  

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Ce mardi soir, il y avait foule devant l'étal des maraîchers de la ferme de la Condamine à Montpellier : salades, oignons et autres blettes se vendent rapidement. Ces légumes bios ont poussé en pleine terre, ils sont le fruit du travail de Jérémy,  Léa, Edouard et Julie.
 


Un pari collectif


Ces hommes et femmes viennent d'horizons différents comme l'architecture, le théâtre ou le social.
Ensemble, fin 2015, ils ont décidé de tester un concept qui leur plaisait : devenir maraîchers, produire localement en circuit court et travailler en collectivité.

Ils ont donc répondu à un appel d'offre de la Métropole de Montpellier qui cherchait à installer des agriculteurs pour faire pousser les légumes bios en ville.
La Métropole a été séduite par leur projet; depuis, tous quatre se partagent les tâches collectives sur cet espace agricole qui s'étend sur cinq hectares aux portes de Montpellier. 

 

Prendre soin de la nature 


"L'idée de départ est de prendre soin de notre environnement", de ne pas cultiver de manière intensive, mais plutôt de planter des arbres dans les parcelles et de cultiver des parcelles de légumes dans le verger, explique Julie Rodriguez, maraîchère qui a aussi une formation d'éducatrice spécialisée.

"La notion du faire ensemble est aussi très forte ici. On est un collectif qui fonctionne en coopérative dans le sens où il n'y a pas de hiérarchie au sein de notre groupe, pas de chef. Chacun d'entre nous a sa spécialité, grâce à nos expériences et à nos formations".

Leur but : montrer qu'il existe une autre manière de fonctionner que celle habituellement en vigueur dans le monde du travail, fonctionnement qu'ils jugent "très pyramidal et très hierachisé." 


 


Une terre en friche depuis un demi-siècle


A cause des délais administratifs, cette aventure n'a vraiment commencé  qu'en avril 2017 lorsque ces jeunes gens ont enfin pu investir les locaux de cette grande ferme à l'abandon.

La première récolte fut modeste car la terre n'avait pas été travaillée depuis longtemps. Cette saison, les maraîchers espèrent produire 5 à 6 tonnes de fruits et légumes sur l'hectare qu'ils ont remis en culture, et ensuite monter en puissance l'an prochain pour produire jusqu'à 10 voire 15 tonnes de fruits et légumes en bio.

Mais la tâche est loin d'être aisée comme l'explique dans cette vidéo Edouard Kerleau, architecte et maraîcher : " Cette friche de terre à vigne n'a pas vu de matière organique depuis 50 ans, elle peut être dure comme du béton mais en la travaillant, on obtiendra ce qu'on veut dessus ! "


 




En ce qui concerne les fruits, dès que les vergers donneront à plein, la ferme devrait proposer à terme des prunes, figues, melons, fraises et pastèques. 

Coté légumes, les salades, l'ail, l'oignon frais et les blettes sont déjà disponibles. Les courgettes et les betteraves arrivent; les aubergines et les tomates, ce sera pour plus tard, dans le courant de l 'été, car ici, il n'y a pas encore moyen de travailler sous serre.


C'est bon pour les générations futures !   



s'exclame Vigile, nouveau client venu en vélo. Lorsqu'il découvre l'étal en plein air devant la ferme, il est ravi  : "Il ya trop de béton en ville, c'est très bien cette initiative, beaucoup de villes devrait prendre cela exemple, c'est bon pour les générations futures !" 
 
 

 

Alimenter les cantines de la Métropole


Pour les élus de la métropole qui soutiennent le projet depuis trois ans, le but est aussi simple qu'ambitieux :  fournir une alimentation saine, locale et de qualité aux habitants des 31 communes que compte l'agglomération de Montpellier. 


A terme, cette ferme devrait faire partie des fournisseurs des cantines scolaires gérées par la Métropole. 


 

C'est une ferme expérimentale unique en son genre


explique Mylène Fourcade, adjointe au maire de Fabrègues et vice présidente de la transition vers l'agro-écologie et l'alimentation durable. 
"Cette expérience collective correspond à ce que nous voulons développer, nous voulons tester toute sorte d'agriculture vertueuse. Cela fait partie de la politique publique lancée en 2015 et qui est unique en son genre en France."

 

 

Protéger les terres agricoles en ville


Selon cette élue, le site de la Condamine a été déclassé pour être sauvegardé : 

"Le Scot (schéma de cohérence territorial) de 2006 avait classé la zone en extension urbaine future, nous l'avons donc déclassée en zone agricole, cela ne fait pas plaisir aux promoteurs mais c'est un choix politique. "  
 

Pendant les trois premières années, les maraîchers de la ferme n'ont pas payé de loyer. Pour consolider cette expérience humaine et agricole, la Métropole va leur faire signer un bail de location agricole. 

Si  tout va bien, à la fin de l'année, les quatre maraîchers, qui pour le moment vivent du RSA, espèrent pouvoir à se dégager un petit salaire et commencer à vivre de leur activité.


 
 


Accueillir les enfants à la ferme

Outre la revente de 50 % de la production aux gens du quartier, l'une des obligations qui lie les maraîchers à la Métropole, c'est l'accueil des plus jeunes;

Depuis le retour des beaux jours, ils accueillent des enfants de maternelles et de primaire mais aussi des centres aérés. Les enfants peuvent observer les poules, apprendre grâce à  divers ateliers comment poussent les légumes.

Certains ont pu planter des semis et venir à plusieurs reprise observer leur évolution.
A la rentrée prochaine, Julie espère pouvoir monter en puissance et accueillir un petit groupe de 10 enfants à partir de l'âge de 5 ans tous les mercredi après midi.


La Condamine désormais fait partie des cinq fermes urbaines installées dans la métropole montpellièraine.

 
Avec la ferme de la Condamine et l'Oasis au domaine de Flaugergues à Montpellier, 14 hectares de terres agricoles ont été mobilisé sur du foncier appartenant à la Métropole.
A la place de bâtiments, priorité a donc été donné au petit élevage, maraîchage mais aussi à l'oléiculture sans oublier l'apiculture.

Le mas de Mirabeau à Fabrègues et le domaine de Viviers à Clapiers, font partie des quatre fermes ressources.
Une cinquième est en cours d'installation à Lavérune sur 25 hectares. 

 
 

Barjac, dans le Gard est l'une des pionnières du genre, mais malgré tous les efforts de la municipalité depuis des années, cet objectif -du bio et du local tous les jours à la cantine- reste très difficile à atteindre, même avec moins de 300 repas à fournir par jour. 
 

Les conversions au bio en progression


Le principale frein vient de l'approvisionnement : même si la France a enregistré un record en 2018, avec une progression de 7,5% des terres agricoles qui sont passés en bio, pour le moment seuls 10% des agriculteurs travaillent en bio dans l'hexagone, selon l'organisme public qui suit l'évolution du bio en France.

Face à ces difficultés récurrentes, certaines communes comme celle de Mouans-Sartoux près de Cannes ont opté pour une autre solution : produire elle même les fruits et légumes dont elle a besoin pour alimenter ses cantines, comme en atteste ce reportage diffusé en avril dernier :  

 
Le projet ne s'est pas fait du jour au lendemain, il a mûri pendant plusieurs années : les cantines de cette commune des Alpes-Maritimes sont passées au 100% bio en quatre ans, elles sont gérées par la municipalité.





  

 
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