Ancien grand espoir du handball français, le Montpelliérain Mathieu Grébille a retrouvé sa place chez les Bleus au Mondial, après une grave blessure. Mais au prix d'un changement de poste, d'arrière à ailier.
Avant son opération de 2017, Grébille était un canonnier, capable de foudroyer le gardien de neuf mètres, ou bien plus, dans des positions acrobatiques grâce à la grande laxité de son épaule, un avantage mais aussi un problème, qu'il a fallu corriger chirurgicalement pour éviter de nouveaux pépins.
La force de frappe, c'était ma qualité première. Or j'ai été opéré de mon épaule de shoot. J'ai eu besoin de beaucoup de temps pour retrouver un tir qui ressemble un peu à du handball", explique le joueur, âgé de 27 ans.
Le joueur de Montpellier n'en était pas à sa première blessure.
Durant le Mondial-2015, il s'était fait mal à l'autre épaule. Puis il avait dû être opéré d'un genou. A chaque fois plusieurs mois d'arrêts.
Cette fois-ci, l'éloignement des terrains a duré seize mois.
Ce n'était pas des vacances! J'ai travaillé énormément pour revenir. Et j'étais puni parce que je ne pouvais pas jouer".
Une idée de Patrice Canayer
Pendant son absence, le MHB vit une saison 2018 de rêve et remporte la Ligue des champions en mai à Cologne. D'autres joueurs s'imposent au poste d'arrière gauche et lorsqu'il s'agit de le réintégrer, l'entraîneur Patrice Canayer lui propose une reconversion à l'aile.
"Ca m'a permis de reprendre du temps de jeu. On est moins exposé (au contact physique) à l'aile qu'à l'arrière, donc ça m'a permis de revenir petit à petit. Passer de ne pas jouer du tout à faire deux matches par semaine, c'est difficile. Même si on a travaillé et préparé le corps, il y a toujours un petit temps d'adaptation".
Au Mondial, Grébille tient une place importante dans la rotation de Didier Dinart.
En sept matches, avant la dernière rencontre de poule sans enjeu, mercredi contre la Croatie, il avait joué 2h 57 min. Efficace, il avait marqué 17 buts sur 24 tirs, soit 71% de réussite.
Je ne sais pas si c'est une nouvelle carrière, mais en tout cas ça fait du bien de revivre des moments comme ça", savoure-t-il.
Un ailier atypique
A son nouveau poste, Grébille a un gabarit plutôt rare avec son 1,98 m.
"Je ne veux pas me mettre les petits à dos, mais j'ai quelques potes qui sont ailiers et à qui ça ne fait pas plaisir d'avoir un mec de deux mètres qui vient sur leur terrain", dit le joueur.
Son entraîneur en club lui a donné pour consigne d'être un peu atypique. "Quand il m'a mis à ce poste, c'était pour être un ailier qui puisse proposer des courses vers le centre, donc il y a encore moyen pour moi de marquer des buts de loin", explique-t-il, avant d'ajouter qu'"il y aura toujours des petits rapides". "Quand on voit des joueurs comme Michael Guigou (l'autre ailier gauche de l'équipe de France et de Montpellier), ce sont des magiciens. A chacun ses armes".
Le triple médaillé avec les Bleus (or à l'Euro-204 et au Mondial-2015, argent aux JO-2016), a dû s'habituer à toucher moins de ballons.
"Mentalement c'est un nouveau travail. On peut ne pas avoir de ballon pendant vingt minutes et puis soudain devoir en mettre un important au fond. Un peu comme un gardien de but qui peut pendant longtemps ne pas avoir de vrai situation à défendre".
Ce changement de poste est-il définitif ?
Je ne sais pas. Je ne me suis jamais limité. Je continue à travailler mon shoot pour pouvoir, peut-être un jour, redevenir arrière", dit-il.