Montpellier : des riverains protestent contre un chantier qui pompe l'eau pour construire des parkings souterrains

Les riverains de la rue de Jausserand à Montpellier crient au scandale écologique. Ils assistent au pompage de la nappe phréatique depuis 3 semaines pour la construction des parkings souterrains d'une nouvelle résidence. Les voisins redoutent un abaissement durable du niveau d'eau.

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Autour du chantier, les puits des particuliers se vident. C'est ce qui a alerté les riverains de la rue de Jausserand. Depuis 3 semaines, selon leur témoignage, le chantier voisin d'une grande résidence dans le quartier de la Pompignane pompe jours et nuits l'eau du sous-sol. En cause, la construction des parkings souterrains de l'immeuble. 40 m³ pompés par heure dans la nappe phréatique.

Les riverains se regroupent en collectif


Ils ont pris des photos, fait des mesures, interrogé le chef de chantier et même posté une vidéo du pompage ininterrompu. Une quinzaine de riverains, proches de la résidence "Vénétie" en construction actuellement, se sont regroupés en "collectif des voisins de la Pompignane".
Ils assistent impuissants au pompage de la nappe et remuent ciel et terre pour obtenir des informations des services de l'Etat chargés de veiller sur la ressource en eau. Pour l'instant, précise Jeanne, membre du collectif,  ils n'ont pas trouvé de trace d'une quelconque autorisation ni même demande d'autorisation de pompage. Et ils s'inquiètent de sa durée.
 

Pompage provisoire ou permanent?


Au vu du niveau de la nappe phréatique et de celui des parkings, le chef de ce chantier initié par le promoteur Marignan a expliqué aux membres du collectif que le pompage devrait être permanent. Sans cela, les 2 niveaux de parkings souterrains en construction actuellement seraient inondés.
Le collectif a fait le calcul : à raison de 40 m³/h, cela représenterait quelques 350.000 m³ d'eau par an.  


Faux, répond la Métropole de Montpellier saisie du problème après l'alerte du collectif. 

C'est un pompage temporaire qui doit durer 1 mois 1/2, rassure la directrice de l'eau et de l'assainissement Florence Fuchs-Jesslen. Le niveau de la nappe est un peu en dessous des 7 mètres prévus pour les parkings. Et des techniques permettent des cuvages étanches et un bon drainage du sous-sol. Le pompage est donc limité au temps des travaux.
 

La Métropole n'a pas la maitrise d'ouvrage sur ces travaux mais rappelle que des experts géotechniciens ont rendu leurs avis avant le démarrage du chantier avec une préconisation pour ce pompage.
 

Polémique sur la nature de la nappe phréatique


Que le pompage soit ponctuel ou permanent, reste à connaître la nature de la nappe phréatique dans cette zone pour évaluer l'impact éventuel sur la ressource en eau.

D'après Florence Fuchs-Jesslen, cette nappe est une simple nappe d'accompagnement du Lez, qui ne fait pas l'objet d'une mesure de protection particulière.

Mais d'après les informations recoupées par le collectif, (informations que le BRGM ne nous a pas confirmées jusqu'à présent) ce pompage serait situé dans une nappe dite zone de sauvegarde pour l’alimentation en eau potable située dans le périmètre de l’Aire d’Alimentation du Captage de Vauguières. Cette nappe participe à alimenter en eau potable les communes de Candillargues, Lansargues, La Grande-Motte, Mauguio-Carnon, Mudaison, Palavas, Valergues , Lattes et Pérols.

 

La DDTM rappelle qu'au-dessus de 1000m³, toute autorisation de pompage dans la nappe est obligatoire


Concernant la ressource en eau, c'est le Code de l'environnement, dans son article L214-3 qui précise que "sont soumis à autorisation de l'autorité administrative les installations, ouvrages, travaux et activités susceptibles de présenter des dangers pour la santé et la sécurité publique, de nuire au libre écoulement des eaux, de réduire la ressource en eau...." 

Si l'on prend l'hypothèse basse d'un pompage de 40 m³ par heure pendant 1 mois et demi, on arrive déjà à plus de 43.000 m³ d'eau pompée dans la nappe par ce chantier, beaucoup plus que prévu par la loi pour toute une année. 

La Direction départementale des territoires et de la mer ( DDTM) le précise ce jeudi soir dans un courrier à France Nature Environnement qui a relayé les questionnements des riverains :

Si ce chantier dépasse les 1000 m³ d'eau par an, le maitre d'ouvrage doit se mettre en règle car il n'y a pas à ce jour d'autorisation pour ce pompage. Les autorités vont lui envoyer une injonction pour qu'il se mette en conformité. Par ailleurs la pose d'un compteur pour vérifier le volume d'eau est obligatoire pour tout pompage des eaux souterraines.

La DDTM précise aussi que si les propriétaires voisins du chantier constatent un impact durable du pompage sur le niveau de leurs puits, ils peuvent toujours faire un recours en justice.
 

L'inquiétude de riverains


En attendant l'arrêt du pompage, les puits des habitants à proximité de ce pompage se sont vidés, interdisant tout arrosage de leurs jardins. Les riverains s'inquiètent aussi d'un éventuel risque d'assèchement des maisons, pouvant entraîner des fissures et des infiltrations. Sans parler des arbres alentours qui plongent leurs racines dans cette nappe.
 

Mais au-delà de son petit périmètre menacé, le collectif s'interroge aussi sur l'impact de tels pompages sur la ressource en eau, quand le réchauffement climatique en fait une denrée de plus en plus précieuse.
Et c'est toute la politique d'urbanisation qui est questionnée, avec l'obligation pour les nouvelles constructions de concevoir dès le départ des parkings correspondants au nombre de logements. Des parkings que les promoteurs préfèrent construire en sous-sol afin d'économiser de précieux m² habitables. A ce sujet, la métropole de Montpellier rappelle sa vigilance sur le critère dont elle est responsable lors de la délivrance des permis de construire : que ces parkings ne soient pas inondables par fortes pluies ou crues.

 
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