Deux repreneurs se disputent Orchestra-Prémaman, société spécialisée dans les vêtements pour enfants et la puériculture. Une partie des salariés manifestait ce vendredi devant le siège près de Montpellier : il préfèrent l'offre saoudienne à celle du fondateur de l'entreprise.
Les salariés d'Orchestra-Prémaman sont vent debout contre le plan de reprise de Pierre Mestre, le fondateur de cette société spécialisée dans les vêtements pour enfants et la puériculture.
Ils ont cessé le travail une heure durant et manifesté devant le siège de Saint-Aunès, près de Montpellier, pour dénoncer la proposition de reprise de leur ancien dirigeant. Ils jugent son offre de reprise dangereuse, voire mortifère pour l'entreprise.
Pour nous, il n’y a pas d’avenir avec lui !
C'est ce qu'affirme Stéphane Crampon, l'un des salariés en grève : "On est tous étonné que le tribunal de commerce ait accepté la proposition de Pierre Mestre ! C'est quelqu’un qui a planté l'entreprise et qui a demi-milliard d'euros de passif, alors qu'en face, on avait un autre repreneur, une entreprise saoudienne solide avec de l’argent frais".
Audience controversée
Sur place, au milieu du groupe de manifestants, l'avocat du comité social et économique (CSE) -instance unique de représentation du personnel- ne décolère pas.
Le patron fondateur de l’enseigne, qui voulait d’abord proposer un plan de continuation (poursuite en totalité de l’entreprise avec renégociation de dette), a finalement présenté cette semaine une offre de reprise en plan de cession : une reprise partielle avec abandon du passif, donc abandon des dettes.
Mardi, sa proposition aurait reçu un accueil favorable selon Maitre Blindauer qui dénonce l'attitude du tribunal de commerce de Montpellier lors de l'audience :
Comme c’était une visio-conférence, on nous a écarté, on nous a coupé les micros et on a refusé d’écouter le CSE et son avocat. J’estime que c’est une violation grave et délibérée du principe du contradictoire qui est à la base de tout notre système judiciaire ! Cela a été fait pour favoriser une offre qui ne tient pas la route et qui va emmener les salariés dans le mur.
Une loi plus souple à cause du coronavirus
En temps normal, pour éviter qu'un entrepreneur reprenne sa société une fois les dettes effacées par la procédure au détriment de l’État, des fournisseurs et des autres actionnaires, la loi ne permet pas à un dirigeant débiteur ou à ses parents de proposer lui même une offre de cession de son entreprise, mais le coronavirus est passé par là : ce dispositif a été assoupli par l'ordonnance du 20 mai 2020.
"Le Covid pour lui, c’est une embellie car sans cette ordonnance, il y aurait des conditions suspensives et je ne pense pas qu’un tribunal puisse redonner une entreprise à quelqu’un qui l'a plantée de six cents millions", renchérit Stéphane Crampon, salarié d'Orchestra.
Une entreprise en crise depuis deux ans
Orchestra-Prémaman était en difficulté bien avant la crise du Coronavirus. Son chiffre d’affaires, qui passait la barre des 10% en 2017, est en baisse et sa dette s'éleverait aujourd'hui à 650 millions d’euros.
Placée procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Montpellier depuis deux ans, la société est en redressement judiciaire depuis la fin avril.
Si on va dans le mur, ça va être un véritable carnage social, et je demanderai des comptes à tous ceux qui ont prêté la main à cette lamentable opération !
Ralph Blindauer, l'avocat CSE Orchestra a déposé une requête en nullité suite à ce qui s'est passé à l'audience du 26 mai.
La décision sera rendue le 4 juin par le tribunal de commerce de Montpellier.