Anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique....Ce mercredi 2 juin, le CHU de Montpellier met en place une platefrome téléphonique pour parler et informer sur les Troubles des Conduites Alimentaires
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) concernent près d'un million de personnes en France. A l'occasion de la 6e Journée internationale des TCA, la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB) organise, le 2 juin 2021, la première journée de sensibilisation aux TCA .
Selon le site de la journée mondiale, les troubles des conduites alimentaires (TCA) concernent près d'un million de personnes en France. Plus de la moitié d’entre elles ne sont pas dépistées et n’accèdent pas encore aux soins !
- L’anorexie mentale touche environ 1% des femmes et 0,3% des hommes ;
- La boulimie 1,5% des femmes et 0,5% des hommes ;
- L’hyperphagie boulimique concerne environ 3% des femmes et 1,5% des hommes.
De surcroît, les formes moins typiques sont nombreuses. Ce sont des maladies mal connues, qui sont source de complications parfois très graves.
Attention aux signaux d'alerte !
Chez les adolescentes, une perte de poids de 10% ou plus, des variations brutales de poids et de comportement, une aménorrhée, une préoccupation excessive autour de l’image du corps, de l’alimentation et de la diététique, ainsi qu’une mauvaise estime de soi, doivent être considérés comme des signes d’appel d’un comportement anorexique ou boulimique. D’autres signes comme les vomissements, le suivi « à la lettre » de régimes avec une perte de poids significative, une activité physique intense, témoignent d’un trouble alimentaire qui s’installe...
L 'anorexie mentale
L'anorexie mentale la plus classique est celle de la jeune fille entre 12 et 18 ans. Mais il existe des formes prépubères, qui surviennent avant l'apparition des premières règles, et des formes qui débutent à l'âge adulte. Dans 10% des cas, l’anorexie mentale touche le garçon.
Pour faire le diagnostic d'anorexie mentale, on recherche essentiellement trois critères :
- Un amaigrissement de plus de 15% du poids initial et/ou un indice de masse corporelle (poids en kg/taille en m au carré) inférieur à 17,5.
- Une anorexie, une « perte de l'appétit » qui se traduit plutôt par une lutte active contre la faim et un évitement de tous « les aliments qui font grossir », fréquemment associée à d'autres manifestations qui ont toutes pour but de perdre du poids (hyperactivité physique, vomissements provoqués, utilisation de médicaments, etc…)
- Une perturbation de l'image corporelle, dans laquelle la personne ne perçoit plus sa propre maigreur, associée à une obsession du poids et une peur panique de grossir.
En dehors de ces signes cardinaux, on retrouve très fréquemment d'autres signes :
- une aménorrhée, c'est-à-dire la disparition (ou non-apparition pour les filles pré-pubères) des règles ; c'est un trouble endocrinien que l'on retrouve chez les garçons sous forme d'un désintérêt sexuel associé à une impuissance,
- souvent de très bons résultats scolaires,
- un certain désintérêt pour les questions relationnelles (amicales et amoureuses),
- la famille est au contraire surinvestie
La boulimie
L'âge habituel de survenue de la boulimie se situe entre 18 et 20 ans. Le plus souvent il s'agit de jeunes filles ; la boulimie masculine est plus rare. Les symptômes boulimiques, comme les symptômes anorexiques, sont sous-tendus par l’insatisfaction corporelle et la peur de grossir. Mais si dans l’anorexie domine la restriction, dans la boulimie il y a perte de maîtrise. Une fois sur deux, des crises de boulimie émaillent les épisodes anorexiques , et très souvent on retrouve dans les antécédents d'une personne qui souffre de boulimie un épisode anorexique, qui a pu passer inaperçu.
Pour faire le diagnostic de boulimie, on recherche essentiellement trois critères :
- Il y a d'abord la crise de boulimie elle-même, c’est à dire l’ingestion d'une grande quantité d'aliments dans un temps assez court, qui s’accompagne d’une perte de contrôle sur la prise alimentaire (peur de ne pas contrôler la quantité ingérée, de ne pas pouvoir s'arrêter de manger). Cette crise se déroule souvent en cachette, accompagnée de sentiments de honte et de culpabilité.Un ou plusieurs comportements compensatoires pour prévenir la prise de poids (exercice physique excessif, période de jeûne, vomissements provoqués, prise de médicaments…);
- Comme dans l'anorexie, il y a une préoccupation excessive pour le poids et l’apparence corporelle, avec un déficit de l’estime de soi.
- Les personnes qui souffrent de boulimie font au moins une crise par semaine, elles peuvent en faire jusqu'à plusieurs par jour. Rarement, les crises s'enchaînent, même jour et nuit : on parle alors d’ « état de mal boulimique ».
Au niveau organique, la complication la plus fréquente est une baisse du potassium sanguin, avec un retentissement cardiaque. On note également la survenue de problèmes dentaires et oesophagiens, et une augmentation caractéristique du volume des glandes parotides. Un suivi médical somatique rigoureux est indispensable pour le dépistage et le traitement de ces complications.
L'hyperphagie boulimique
Quand il y a des crises de boulimie sans comportements compensatoires pour prévenir la prise de poids, on parle d'hyperphagie boulimique, qui s'accompagne souvent d'obésité. L’âge moyen de début du trouble est de 21 ans. Le plus souvent il s'agit de jeunes femmes, mais l’hyperphagie boulimique peut également toucher les hommes.
Pour faire le diagnostic d’hyperphagie boulimique, on recherche essentiellement trois critères :
- des crises de boulimie, au moins une fois par semaine et souvent beaucoup plus
- les crises surviennent en l’absence d’une sensation physique de faim, se déroulent rapidement jusqu’à une sensation pénible de distension abdominale, et sont suivies de sentiments de dégoût de soi, dépression ou culpabilité
- il n’y a pas de comportements de contrôle du poids visant à compenser les prises excessives de nourriture
Les traitements
Le traitement de l’anorexie repose sur des soins pluridisciplinaires qui nécessitent une alliance thérapeutique incluant le patient et ses proches. Autour du référent, pédopsychiatre/psychiatre ou autre spécialiste, qui donne la cohérence à la prise en charge, se déploie toute une offre de soins.
Sont ainsi proposés, dans un cadre ambulatoire: suivi médical, suivi nutritionnel et diététique, psychothérapie, groupe de parole, thérapie familiale, ateliers d'expression corporelle, ainsi qu'un groupe de parole pour les parents/proches. Cette prise en charge est assortie d'un contrat de reprise de poids.
Parfois l'évolution pondérale mettant la patiente en danger, une hospitalisation temps plein est proposée dans un service spécialisé. D’autres modalités de suivi ambulatoire peuvent être mises en place, comme l’hôpital de jour ou le centre d’activité thérapeutique à temps partiel, parfois en amont ou en aval d’une hospitalisation temps plein.
Le traitement de la boulimie et de l’hyperphagie boulimique reprend les mêmes principes que celui de l'anorexie, avec une prise en charge pluridisciplinaire. Cependant, s'adressant à un public de jeunes adultes et souvent d'adultes, l'aspect familial y est beaucoup moins développé, ainsi que le suivi nutritionnel.
La prise en charge classique associe des consultations médicales régulières avec le psychiatre référent et un suivi psychothérapeutique. La psychothérapie actuellement recommandée est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Une approche corporelle peut y être associée : relaxation, sophrologie, méditation de pleine conscience. Il existe également des groupes de parole.
Dans la boulimie et l’hyperphagie boulimique, des antidépresseurs peuvent être prescrits.
Quelle évolution ?
Dans plus de la moitié des cas, l'évolution de l’anorexie mentale est nettement favorable. Un facteur de bon pronostic est un délai court entre le début des symptômes et le début des soins. Mais l’anorexie est une pathologie potentiellement grave : environ un tiers des cas évolue vers la chronicité, avec souvent des tableaux mixtes d'anorexie et de boulimie, et de nombreuses complications organiques, en particulier osseuses. On note, dans les études de suivi, environ 7% de décès, tant par dénutrition que par suicide. Les anorexies prépubères, celles de l'adulte ainsi que les formes masculines sont classiquement d'un pronostic particulièrement sévère.
La boulimie et l’hyperphagie boulimique sont également des maladies avec une forte propension à la chronicisation. Cependant leur intensité est variable dans le temps. il existe des périodes asymptomatiques, qui peuvent durer plusieurs mois avant une rechute. Après 5 ans, plus de la moitié des patients boulimiques sont guéris. L'évolution de l’hyperphagie boulimique est, en termes de sévérité et de durée, comparable à celle de la boulimie.
Une platefome téléphonique à Montpellier
La journée mondiale des TCA porte les messages suivants :
- Plaidoyer pour une intervention précoce et un traitement fondé sur des données probantes
- Les parents/familles sont des acteurs clés du traitement et du rétablissement de leurs enfants
- Il faut supprimer les obstacles aux soins, surtout chez les sujets jeunes, les étudiants, et dans les populations les plus précaires
- Les personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires peuvent bénéficier de soins quel que soit leur âge et le stade de la maladie
Le hashtag officiel de la journée est #NoMoreTCA à utiliser sans modération !
Une ligne téléphonique du CHU Montpellier sera assurée par les professionnels de 10h à 18h.
Vous pouvez donc poser vos questions au : 04 67 33 51 98.