Encore des vitrines brisées et des vols dans les boutiques du centre-ville de Montpellier. Après trois nuits d'émeutes, les commerçants craquent. Car ces violences surviennent après des années de crise économique, sanitaire et de manifestations qui ont laissé certains d'entre eux au bord du gouffre financier.
A Montpellier, les vitrines de plusieurs enseignes n'ont pas résisté aux nouveaux assauts des casseurs et des pilleurs. Dans l'une d'entre elles, douze heures plus tard, l'alarme sonne toujours. Présentoirs et boîtes de produits de beauté jonchent le sol dans une autre boutique du centre-ville, en proie aux émeutes depuis trois nuits après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre. Les stigmates sont bien visibles.
Nos journalistes Laurent Beaumel et Delphine Aldebert ont assisté, dimanche matin, au ballet des menuisiers fermant les magasins avec des plaques de bois. Alors que les soldes viennent tout juste de démarrer, les boutiques ouvertes en ce premier weekend de rabais se comptent sur les doigts de la main.
Chaque matin au réveil, on se pose la question : comment ça va être ? Est-ce que je vais retrouver le magasin en bon état ? On avait pris la précaution de retirer les vitrines, mais qui dit quand je vais arriver ma porte ne sera pas cassée, ma caisse volée ? et puis est-ce que la clientèle des soldes viendra ? Les deux cumulés, le matin, on se demande pourquoi on vient.
Carla, commerçante du centre-ville de Montpellier
A bout de nerfs
Après six ans de crises successives (gilets jaunes, Covid, manifestations contre la réforme des retraites) et de hausse des coûts de l'énergie, les nerfs des commerçants lâchent avec ce nouvel épisode de violence. Peu veulent parler à nos reporters.
Même Odette Daudé, la présidente de l'association des commerçants de l'Ecusson a préféré se retirer en Lozère. C'est par téléphone qu'elle confie ses craintes pour l'avenir.
D'accord, les commerçants ont toujours été une cible en centre-ville. Le problème n'est pas là, il est que la cocotte-minute commence à déborder et il faut que le gouvernement trouve des solutions pour ces quartiers, un moyen d'intégrer leurs habitants dans notre société, sinon ça ne va jamais se terminer.
Odette Daudé, présidente de l'association des commerçants des commerçants de l'Ecusson
Elle l'atteste, les annonces du ministre de l'Economie pour soutenir les commerçants sinistrés ne seront cette fois pas suffisantes pour panser les plaies, car le mal-être est profond.