Les kilos en trop, un phénomène diversement inquiétant dans l'hexagone : près d'un français sur deux est en surpoids et 17 % de la population est désormais obèse, selon une étude de l'Inserm et du CHU de Montpellier. Un fléau qui touche moins l'Occitanie que les régions du Nord et de l'Est.
L'obésité a continué à augmenter ces dernières années, avec une hausse particulièrement marquée chez les jeunes adultes, selon une étude de référence sur le sujet publiée lundi 20 février 2023.
Annick Fontbonne, épidémiologiste à l'Inserm, a expliqué lors d'une conférence de presse que "l'obésité connaît une augmentation qui est forte dans les classes d'âge les plus jeunes". Cette chercheuse a détaillé une étude qu'elle a menée sur la proportion d'adultes obèses ou en surpoids en France en 2020.
Menée à l'initiative de la Ligue contre l'obésité, en collaboration avec le CHU de Montpellier et de l'Inserm, cette enquête démontre la progression de l'obésité chez les jeunes : en vingt-cinq ans, les chiffres ont été multipliés par quatre chez les 18-24 ans, par trois chez les 25-34 ans.
Une étude fondée sur un sondage
Selon cette étude, effectuée par sondage auprès d'environ 10 000 personnes présentatives de la population, 47% des Français pèseraient un poids trop élevé par rapport aux recommandations médicales.
Parmi eux, 17% seraient obèses, c'est-à-dire à un niveau de poids considéré comme maladif par opposition à un simple surpoids.
Ce genre d'étude est régulièrement effectué depuis la fin des années 1990. Elle montre une double tendance : la stabilité, voire la baisse du surpoids depuis une décennie, tandis que l'obésité, a contrario, continue d'augmenter.
Les bénéfices du régime méditerranéen
Autre résultat important : la disparité de l'obésité selon les régions. Ce sont les Hauts-de-France et le Grand Est, régions parmi les plus pauvres de l'hexagone, qui en souffrent avant tout, avec plus de 20% de personnes interrogées concernées.
Avec 15.5% de personnes obèses, l'Occitanie s'en tire plutôt bien, troisième région sur le podium derrière Pays de la Loire et Ile de France, régions les moins touchées.
Les bienfaits du régime méditerranéen (qui associe modération alimentaire et d'alcool, variété d'aliments, plaisir de manger et temps accordé au repas) semblent encore se faire sentir, même si la pratique de ce dernier régresse d'année en année.
L’obésité, une maladie chronique complexe
Selon le rapport de l'Inserm, si la prévention reste la meilleure arme contre l’obésité et les comorbidités associées (diabète de type 2, hypertension, maladies cardiovasculaires, apnée obstructive du sommeil ), les chercheurs reconnaissent "qu’il s’agit d’une pathologie chronique complexe, à laquelle il convient aussi d’apporter des réponses sur le plan thérapeutique."
Une perte de plus de 10 % du poids total améliore un grand nombre des complications associées à l’obésité ainsi que la qualité de vie. Toutefois, maintenir une perte de poids durable est le principal défi de la prise en charge de l’obésité.
Dossier de presse Inserm
Comme toutes les maladies chroniques complexes, l’obésité dépend de facteurs qui varient d’une personne à l’autre. Sa prise en charge nécessite donc une approche personnalisée et multidisciplinaire à long terme.
Si les interventions portant sur le mode de vie sont indispensables, elles sont rarement suffisantes pour maintenir une perte de poids à long terme. En fonction des situations individuelles, cette prise en charge peut donc être combinée à la prise de médicaments anti-obésité ou à la chirurgie bariatrique.
Selon David Nocca, chirurgien bariatrique au CHU de Montpellier et co-fondateur de la Ligue contre l'obésité, un suivi à domicile de patients sur un an, avec des diététiciennes, après prise en charge pourrait être mis en place en Occitanie.
Un déploiement national de ce dispositif devrait avoir lieu en 2024, a annoncé le chirurgien à nos confères de Midi libre.