"Pas condamnés à mourir dans l'éducation nationale" : formalités de démission, reconversion, un stage destiné aux professeurs qui veulent "quitter le navire"

Manque de reconnaissance, salaire, fatigue, les professeurs seraient de plus en plus nombreux à envisager de démissionner. Un syndicat enseignant propose des stages pour ceux qui veulent "quitter le navire Éducation nationale".

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Le SNALC (syndicat national des lycées, collèges, écoles et supérieur) organisait, jeudi 14 décembre, deux stages, à Montpellier et à Béziers, destinés aux enseignants qui souhaitent changer de métier. Quitter l'Éducation nationale, changer de voie, les motivations des candidats sont variées. France 3 Occitanie a recueilli leurs témoignages. 

Les regards sont attentifs et l'ambiance studieuse. Recherche des offres, documents administratifs, pendant près de trois heures, les représentants du Snalc, syndicat des personnels de l'Éducation nationale, donnent des conseils pratiques pour changer de métier. Un stage qui fait salle comble ce jour-là à Béziers (Hérault).

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Le syndicat SNALC organisait deux stages destinés aux enseignants qui souhaitent démissionner de l'Education nationale. ©FTV.

"La formation syndicale a pour objectif de montrer qu'on peut être heureux au sein de l'Éducation nationale, dans une autre fonction publique ou ailleurs et qu'on n'est pas condamné à mourir dans l'Éducation nationale", explique Karim El Ouardi, président du Snalc Languedoc-Roussillon.

Il faut un plan de reconversion massif pour les personnels qui en ont besoin.

Karim El Ouardi, président du Snalc Languedoc-Roussillon.

À l'intérieur de la salle, une centaine de personnels de l'Education nationale lassés de leur métier. "J'ai donné à l'institution, j'ai aimé mon métier, j'ai tout donné pour les élèves, les enfants", raconte un professeur devant d'autres collègues venus participer au stage.

Marie-Françoise, 57 ans, une autre enseignante, explique qu'elle ne se voit pas continuer après 27 ans à exercer son métier. "J'étais heureuse de travailler dans mon métier, je me sentais utile. On avait des retours des enfants qui revenaient me voir en me remerciant et on avait un lien aussi avec des familles qui étaient complètement différentes. À l’heure actuelle, on a l'impression d'avoir un esprit clientéliste dans les écoles".

Démarche compliquée

Si le nombre de démissions semble augmenter ces dernières années, le mouvement n'en serait pas pour autant massif. Au-delà de la lassitude, changer de voie n'est en effet pas si simple, déplore le Snalc : "il est très difficile de quitter l’Éducation nationale et tout est fait pour nous en dissuader. Demander une rupture conventionnelle est une démarche compliquée, car les fonds alloués sont largement insuffisants pour satisfaire toutes les demandes", déplore Christelle Tappler, dans une tribune sur le site Internet du syndicat.

La lassitude ne touche plus seulement les professeurs. Ghislaine est adjointe administrative. A 1400 euros nets par mois, elle envisage également de se reconvertir mais ce n'est pas si simple. "En 2010, j'ai passé le concours de l'Éducation nationale, pour avoir un emploi sûr et pour avoir un salaire assuré. Je n'ai plus les moyens d'en sortir de façon simple. Quelque part, je suis en contrat, liée à vie. Moi, je veux sortir de ça et je me dis que c'est moi-même qui me suis enfermée dans la cage".

Rien que dans l'académie de Montpellier, le Snalc prétend recenser plus de 1500 inscrits à ces stages de reconversion.

Écrit avec Kévin Héliès.

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