De nombreuses professions se retrouvent en difficulté avec les tensions sur les carburants. Désormais, les artisans craignent de ne pas pouvoir réaliser certains contrats, faute d'essence ou de gazole. Une situation qui n'épargne pas les ouvriers héraultais.
La tension monte face à la pénurie de carburants. Un tiers des stations-services françaises sont touchées. C'est de plus en plus la galère pour se ravitailler. Les artisans du bâtiment sont inquiets pour leur activité. Pour eux comme pour de nombreuses professions, il ne faudrait pas que cette situation dure. À Baillargues (Hérault) mercredi 12 octobre 2022, la file d'attente commence à se former à une station-service dès 8h30.
120 à 130 euros pour un plein
Hmad Achlif travaille dans la rénovation, et décide de s'y arrêter. Il a besoin d'un plein de gazole par semaine pour se rendre sur ses chantiers, à Montpellier comme en périphérie. Et bonne surprise cette fois, il y a bien du gazole. "Ce matin, je me faisais du souci. Je me demandais si j'allais pouvoir travailler. Là, le hasard veut que je vois la pompe à essence ici, au rond-point", s'exclame l'artisan, visiblement rassuré. "J'ai vu qu'il n'y avait pas beaucoup de monde donc je suis venu faire mon plein pour pouvoir finir la semaine."
"Je trouve quand même hallucinant qu'en deux jours un plein ait pris presque 30 centimes."
Hmad Achlifà France 3 Occitanie
Un soulagement palpable, mais à quel prix ? L'artisan a déboursé 120 à 130 euros pour le plein. Une note qui s'alourdit de jour en jour selon le vice-président de Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) de l'Hérault. "Je trouve quand même hallucinant qu'en deux jours un plein ait pris presque 30 centimes du litre. C'est énorme."
Coup sur coup pour les artisans
Résultat, les artisans commencent à sélectionner leurs chantiers en fonction du lieu. Pour Jean-Pierre Garcia, qui représente la profession dans l'Hérault, ce blocage des dépôts est un nouveau coup dur. Entre les années covid et l'augmentation des matériaux suite à la guerre en Ukraine, les artisans se disent résignés et s'inquiètent. "De manière certaine, ça va mettre des entreprises en grande difficulté", prévient-il.
"La plupart seront arrêtés huit jours, 15 jours en fonction des pleins qu'ils pourront faire. Par exemple, j'ai fait un plein à 10 heures du soir à Ganges." La CAPEB de l'Hérault ne demandera pas pour autant au préfet d'être file prioritaire. La crainte désormais : que le blocage des dépôts s'amplifie et paralyse l'économie.
Ecrit avec Dorothée Bérhault et Nicolas Chatail.