Face à l’envolée des prix, un collectif citoyen travaille à la mise en place d’une caisse alimentaire commune. Son principe : mettre à disposition des habitants une somme chaque mois pour pouvoir acheter de la nourriture. Et instaurer un droit à l’alimentation. Cette expérimentation devrait commencer au premier trimestre 2023.
Avec une hausse des bénéficiaires et des charges (énergie, carburant, matières premières) et une baisse des dons, la situation inédite de cet hiver pousse les associations caritatives comme les Restos du cœur et la Banque Alimentaire à tirer le signal d’alarme. Comment vont-elles faire face ? Comment imaginer d’autres solutions qui permettent de sortir de l’aide alimentaire d’urgence ? On en débat ce dimanche à 11h30 sur France 3 Occitanie.
1ère en France
C’est une première en France. Depuis plus d’un an, 25 organisations de la Métropole de Montpellier (agriculteurs, chercheurs, distributeurs, associations caritatives, citoyens…) se sont regroupées pour travailler sur un projet innovant. Leur but : créer un minimum vital pour pouvoir s’alimenter correctement.
La démarche s’inspire de la SSA, la Sécurité Sociale de l’Alimentation que défend un collectif au niveau national.
Montpellier fait partie des territoires choisis pour tester le projet à petite échelle. Des réunions sont organisées régulièrement pour en examiner tous les aspects.
Le constat est simple. D’un côté, de plus en plus de Français peinent à se nourrir. Et beaucoup doivent avoir recours à l’aide alimentaire d’urgence. Les associations comme les Restos du cœur voient leurs inscriptions exploser (+15% en Occitanie, jusqu’à 30% d’augmentation localement).
De l’autre, notre système alimentaire dysfonctionne (difficultés du monde agricole, dérives de la grande distribution…). Sans compter le gaspillage : 10 millions de tonnes par an en France, soit 150 kg par habitant !
Un crédit de 150 euros par mois pour des achats alimentaires
L’idée est de proposer à tous une sorte de carte, inspirée de la carte de sécurité sociale. Chacun disposerait par exemple d’une somme de 100 ou 150 euros chaque mois, pour acheter des produits conventionnés.
Aujourd’hui, personne n’a honte de donner sa carte de sécurité sociale chez le médecin. L’idée, ce serait de faire un peu la même chose avec l’alimentation.
Mathilde Bourjac, collectif pour une Sécurité Sociale de l'Alimentation
Des produits qui répondent à des critères choisis par les consommateurs. Il s’agit d’encourager des circuits de production et de commercialisation durables et éthiques, comme l'explique l'agronome montpelliéraine Mathilde Bourjac.
Question centrale : comment financer un tel projet ? La caisse alimentaire commune sera alimentée par des fonds publics, privés et des contributions citoyennes qui restent à définir. Un budget qui devra être géré de manière démocratique. Pour l’heure, la caisse de Montpellier a déjà rassemblé 150 000 euros.
Au cœur du projet : coopération et démocratie
Le Comité Citoyen de l’Alimentation (qui rassemble une cinquantaine de volontaires dont 50 % en situation de précarité) a pour mission de définir le fonctionnement de cette caisse et de conventionner les produits et les lieux de distribution.
La Caisse Commune sera officiellement lancée le 28 janvier 2023, à la suite de la dernière séance de travail de ce comité. "Bien sûr, on ne va pas résoudre tous les problèmes d’alimentation, mais l’idée est de montrer les potentialités du projet", s’enthousiasme Pauline Scherer, l’une des chevilles ouvrières du projet au sein du collectif Territoires à Vivres. Inédite, l’expérience de Montpellier sera suivie de près.
On en parle dans "Dimanche en politique"
Retrouvez plus d'infos sur ce projet de Caisse Alimentaire Commune dans notre émission Dimanche en politique du 4 décembre 2022 à 11h30 : "Précarité alimentaire : la générosité ne suffit plus ?"