Un Français parti travailler aux Émirats Arabes Unis en 2020 affirme avoir été victime, il y a deux ans, d'une escroquerie par son associé. Depuis, il doit l'équivalent de 62 000 euros à la justice émiratie, sans quoi il ne peut rentrer en France. Il a raconté sa situation à France 3 Occitanie.
Les nuits dans des parkings, les journées dans les halls d'hôtels en accès libre. Voici à quoi ressemble la vie de Julien F., sans-abri à Dubaï depuis huit mois, nous l'avons joint en appel vidéo.
Le Parisien d'origine vivait dans le Languedoc depuis plusieurs années. D'abord dans le Gard, puis à Montpellier jusqu'en 2020, quand il décide de déménager aux Émirats Arabes Unis en août. "Je suis parti pour faire du business et tenter ma chance là-bas, en sachant très bien que je rentrerai en France au bout de quelques années", explique-t-il.
Arnaqué par son associé
Installé à Dubaï, le Montpelliérain travaillait dans l'import-export de véhicules. L'affaire roulait plutôt bien la première année, du moins assez pour "payer la vie particulièrement onéreuse aux Émirats", selon lui.
Mais tout bascule selon lui en 2021, quand son associé, rencontré à Dubaï, l'escroque. "On travaillait ensemble, je lui faisais confiance, un jour il m'a fait signer un papier écrit en arabe. En fait, ce papier était une reconnaissance de dette et m'engageait personnellement à lui rembourser 274 500 dirhams aed (68 200 euros)", raconte-t-il. C'est là que l'engrenage infernal commence pour le Français.
Poursuivi au tribunal
Au même moment, Julien F. dit s'être rendu compte que l'associé avait aussi escroqué des clients, "j'ai utilisé le capital de l'entreprise pour les rembourser" explique-t-il. Mais la machine contre le français est lancée, il est contraint de fermer sa société. À ce moment, Julien F. aimerait rentrer, mais son escroc l'a assigné en Justice. "La dette que je devais à mon arnaqueur, c'est la Justice qui me les réclame désormais" révèle l'expatrié.
Le Français échappe à un mandat d'arrêt contre lui grâce à son avocat, qui lui faisait encourir de la prison. L'affaire traîne jusqu'en 2023, et en novembre, le tribunal de Dubaï décide de maintenir l'interdiction de voyager et de quitter le sol émirati, jusqu'au paiement de la somme de 247 000 aed. Ce jugement a pu être vérifié par France 3 Occitanie grâce à des documents que nous avons consultés.
Ruiné et titre de séjour périmé
"J'ai dépensé énormément d'argent dans les procédures. Aujourd'hui je me retrouve avec 60 000 euros à payer à la justice alors que je n'ai plus d'argent et je n'ai plus d"avocat. Je veux juste rentrer en France pour voir mes enfants" , expose le Montpelliérain. Depuis huit mois, il affirme vivre dans des parkings et erre dans les halls d'hôtels pour trouver de la connexion et appeler ses proches. Lui qui a deux enfants restés en métropole avec son ex-femme.
Julien dit vivre grâce à l'argent que lui envoient ses parents toutes les deux semaines. "Je peux manger dans des restaurants indiens où la nourriture n'est pas très chère, parfois dormir à l'hôtel. Mais je n'ai absolument pas de quoi mettre de côté pour payer mon amende", relate-t-il.
Son visa, que Julien nous a envoyé en photo, n'est plus valide depuis le 2 janvier 2024. Il est donc interdit de territoire, ce qui l'oblige à payer une amende dite "d'overstay" de 25 aed par jours, soit six euros.
Cagnotte en ligne
Julien F. s'est tourné vers le consulat général de France à Dubaï, qui n'a pas pu l'aider. Il a lancé un appel à l'aide sur son compte Facebook, où il a créé une cagnotte pour récolter l'argent nécessaire à son rapatriement en France.
Contactée par mail, le consulat général de France à Dubaï nous a renvoyés vers le ministère des Affaires Étrangères qui, lui, n'a pas encore donné suite à notre sollicitation.