Trop nombreux, trop proches, pas rentables : diagnostic sévère pour les neuf aéroports d'Occitanie

Dans un rapport publié lundi 23 octobre 2023, la Chambre régionale des comptes d'Occitanie indiquent que les neuf aéroports de la région se font concurrence. Le nombre des vols n'est pas suffisant et les subventions versées par l'État sont trop importantes.

Toulouse, Montpellier, Nîmes, Tarbes, Castres, Perpignan, Carcassonne, Béziers, Rodez.

En Occitanie, la liste des villes desservies par avion est longue. Avec neuf aéroports, dont sept intermédiaires, répartis sur l'ensemble de son territoire, la région bat tous les records en matière de présence aéroportuaire. Pourtant, les sept aéroports intermédiaires ne totalisent que 14 % du trafic aérien occitan, contre 71 % pour le seul aéroport de Toulouse, et près de 15 % pour celui de Montpellier.

Une surdensité des aéroports sur 13 départements que la Cour des Comptes et la Chambre Régionale d'Occitanie pointe du doigt dans un rapport publié lundi 23 octobre 2023. En ligne de mire : des aéroports qui se marchent littéralement dessus, menant à un modèle économique "non-viable" qui subsiste à travers des subventions versées par les collectivités locales.

Une surdensité qui mène au low cost

Ce "maillage aéroportuaire" trop dense s'observe notamment sur les zones Marseilles-Nîmes-Montpellier et Pau-Tarbes. Leur proximité provoque "une faiblesse du trafic aérien et par conséquent, des pertes financières chez les exploitants", résume Valérie Renet, présidente de la Chambre régionale des comptes d'Occitanie. "Or ces déficits d'exploitation sont couverts par les subventions publiques, c’est-à-dire que les impôts du contribuable servent à équilibrer l'exploitation de ces aéroports, au profit de compagnies low cost."

Les vols commerciaux des aéroports de Carcassonne, Béziers et Nîmes par exemple dépendent entièrement de la compagnie irlandaise Ryanair.

Un budget déficitaire

Dans ce rapport, la présidente de la Chambre régionale d'Occitanie pointe du doigt un modèle économique "qui n'est pas viable" et qui pose la question de la qualité de la dépense publique : en moyenne chaque aéroport intermédiaire de la région engendre un déficit annuel de 2 millions d'euros. Qui plus est, 30 millions d'euros de fonds publics sont remis chaque année aux aéroports occitans, hors ceux de Montpellier et de Toulouse.

Cette surdensité pose également le problème de la préoccupation environnementale. Valérie Renet le rappelle : "on gagne finalement à peine une heure de trajet entre le train et l'avion pour aller de Perpignan ou de Tarbes jusqu'à Paris, avec des émissions carbone 100 fois supérieures."

Les aéroports vont-ils devoir fermer ?

En termes de préconisations, Valérie Renet préfère tempérer. "Il n'est pas question de supprimer les aéroports : ils servent d'autres besoins spécifiques au territoire. Pas uniquement aux vols commerciaux."

"Il n'est pas question de supprimer les aéroports"

Valérie Renet

L'aéroport de Nîmes par exemple est un pôle national d'opérations aériennes de secours et de sécurité civile. Des pélicandromes - qui servent à lutter contre les incendies - sont également installés à Béziers, Carcassonne et Perpignan... D'autres aéroports, comme ceux de Rodez ou de Castres sont même nécessaires en termes de vols commerciaux par besoin de désenclavement : "ce sont des territoires moins bien desservis par transports alternatifs à l'avion". L'industrie aéronautique, très présente à Nîmes, Tarbes ou encore Perpignan, nécessite également de conserver des aéroports locaux, selon le rapport de la Chambre régionale des comptes.

Une action à mener par les collectivités

Si les aéroports ne sont pas en passe de fermer leurs portes, Valérie Renet précise que des mesures doivent cependant être prises par les collectivités : "la région joue un rôle primordial en tant que cheffe de fil dans l'aménagement du territoire : elle est présente dans le financement et dans la gouvernance de ces plateformes aéroportuaires. Il faut qu'elles rationalisent ce maillage pour des raisons environnementales, ainsi que pour des nécessités économiques."

"Il faut que (les collectivités) rationalisent ce maillage pour des raisons environnementales, ainsi que pour des nécessités économiques."

Valérie Renet

Toutefois, les collectivités contestent le déficit dont fait état la Chambre régionale des comptes : selon elles, les retombées économiques, notamment en termes d'emplois, justifieraient les 30 millions d'euros injectés chaque année dans ces plateformes aéronautiques.

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