Supprimer tous les bidonvilles de Montpellier, c’est le combat affiché du nouveau préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh. Le prochain détruit sera celui de Celleneuve, le plus important de Montpellier. A la place, un village de transition doit être installé mais il suscite l’opposition des riverains.
D’ici le mois de mars, le bidonville de Celleneuve sera entièrement détruit. C’est le plus grand camp de la ville. Environ 240 personnes y vivent actuellement. “Il y aura le démantèlement, et de façon concomitante, une solution de relogement”, affirme Hugues Moutouh, le préfet de l’Hérault. “C’est un hébergement collectif transitoire pour 2 ans maximum.”
Un village transitoire pour aider à l’insertion
Dans le quartier de la Rauze à Montpellier, un village transitoire va donc être installé prochainement. 165 personnes y seront accueillies, dont une cinquantaine de mineurs. 3 millions d’euros ont été débloqués par l’Etat pour les accompagner. “Ces 3 millions, vont essentiellement aller dans de l’accompagnement individualisé”, précise le préfet de l’Hérault. “ Cet argent servira au paiement de salariés associatifs spécialisés, afin de favoriser une meilleure insertion économique et sociale. L’objectif c’est de donner un coup de main en vue d’une insertion dans des logements, d’avoir un travail et de pouvoir scolariser ces enfants.”
Des expulsions pour les personnes en situation irrégulière
Sur les 240 habitants estimés dans ce bidonville, seuls 165 seront hébergés dans ce village de transition. “D’autres sont finalement assez avancés dans le chemin de l’insertion”, ajoute Hugues Moutouh. “Ces personnes vont bénéficier de l’hébergement de droit commun, c'est-à-dire un logement social classique.”
Mais tous les habitants de ce bidonville ne sont pas en règle. Pour ces derniers, le préfet tient une position ferme : la plupart d’entre eux sera reconduit à la frontière.
De fortes mobilisation contre le projet
Mais ce projet de village transitoire rencontre un vif mouvement d’opposition dans le quartier de la Rauze. Riverains et élus se mobilisent contre le projet. “Le préfet a des méthodes à la hussarde”, s’indigne Patrice Rigault, l’un des opposants au village. “Quand il a déménagé le camp de roms, il n’a averti strictement personne, il n’avait aucune solution de rechange. Qui se moque des roms ? C’est lui ! Il les a dispatchés dans la ville, c’est vraiment n’importe quoi.”
Le préfet Hugues Moutouh, de son côté, se défend de faire autre chose que d’appliquer la loi. “C’est un projet d’intérêt général qui irrite et qui va à l’encontre de certains intérêts particuliers”, s’agace-t-il. “J’entends aujourd’hui des protestations qui sont essentiellement l’expression de peurs, de craintes. Nous allons encadrer l’arrivée de ces nouveaux habitants qui ne resteront que deux ans sur ce village de transition. Toutes les garanties sont accordées, je dis : n’ayez pas peur !”
Un nouveau démantèlement pour “le préfet bulldozer”
Nommé en 2021, le nouveau préfet de l’Hérault veut en finir avec les bidonvilles à Montpellier. Un objectif annoncé qu’il poursuit méthodiquement. En août 2021, le campement du Mas Rouge (occupé depuis 2014) est détruit par des pelles mécaniques dès 5h du matin. Suivront ensuite les évacuations et destructions des bidonvilles Zenith 2 et Zenith 3 en septembre, puis ceux dits de Pablo- Lironde.
Un changement de politique spectaculaire à l’opposé de la politique d’accompagnement qui prévalait depuis plusieurs années et qui vaut au nouveau préfet le surnom de “préfet bulldozer".
Prochaine étape : le démantèlement du bidonville de Celleneuve, programmé dans les semaines à venir.