Enseignants, personnel et parents d'élèves du collège Croix d'Argent alertent l'inspection d'académie sur la dégradation de la situation suite à des violences ces derniers mois. Ils dénoncent un manque criant de moyens. L'établissement, situé quartier Près d'Arènes à Montpellier, est passé de 500 à presque 800 élèves en 10 ans.
Onze conseils de discipline dès le premier trimestre de l'année scolaire 2022-2023. Le signe évident pour les parents d'élèves du collège Croix d'Argent d'une "dégradation rapide et inquiétante du climat scolaire".
Des tensions entre élèves
Après plusieurs appels à l'aide au rectorat de l'académie de Montpellier, les parents d'élèves, les élus du personnel et les syndicats enseignants ont organisé une conférence de presse le 1er février pour alerter sur les tensions au sein de l'établissement.
"Depuis la rentrée de septembre, les faits graves se multiplient", alertent les parents d'élèves et les élus du personnel, "avec déjà onze conseils de discipline".
Les parents d'élèves s'inquiètent "des effets délétères du manque de moyens humains et matériels" et demandent des moyens humains à la hauteur des besoins du collège.
Il y a eu des agressions très graves entre élèves à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement, intrusion de personnes extérieures à l'établissement, introduction de drogue, d'un cutter utilisé par un élève pour en agresser une autre avec 14 points de suture à la clef.
communiqué des élus du personnel et des parents d'élèves du collège Croix d'Argent
Plus d'élèves et moins de moyens
En 10 ans, le collège est passé de 500 à près de 800 élèves. D'après les calculs des parents d'élèves, les moyens humains nécessaires au bon fonctionnement de l'établissement n'ont pas suivi.
"On demande des assistants d'éducation supplémentaires. Il y en a 1 pour 120 élèves actuellement. Ces surveillants sont jeunes en général et les élèves vont plus facilement vers eux. En cas de dispute entre collégiens, ils pourraient déminer la situation tout de suite, s'ils étaient assez nombreux", argumente Cécile Rey, membre de l'association des parents d'élèves.
La réponse du rectorat, c'est toujours : "c'est pire ailleurs"! Ce n'est pas acceptable. Nous sommes dans un quartier mixte socialement, le collège Croix d'argent reflète cette mixité et nous voulons la préserver.
Cécile Ray, association des parents d'élèves
Les parents d'élèves dénoncent des classes surchargées, entre 28 et 30 élèves, auxquels s'ajoutent souvent un ou plusieurs AESH, qui accompagnent les élèves en situation de handicap.
Opération "adultes dans la rue"
Pour tenter d'améliorer le climat scolaire, parents d'élèves, personnel du collège, policiers municipaux et agents de la TAM organisent régulièrement des opérations "Adultes dans la rue".
Aux heures de sortie du collège Croix d'Argent, ils s'installent aux passages piétons et aux arrêts de tramway pour sécuriser les abords de l'établissement.
"C'est un collège qui fait face à des difficultés en termes d'effectifs avec beaucoup d'élèves par classe. Cela crée des tensions qui se retrouvent dans la cour de récré. Le climat scolaire se dégrade et cela fait peser un risque sur la mixité sociale", précise Judicaëlle Ménard, de l'association des parents d'élèves.
On veut des moyens à la hauteur de l'espoir qu'on met dans l'école publique pour former les adultes de demain.
Judicaëlle Ménard, association des parents d'élèves du collège Croix d'Argent
Le rectorat conteste
Du côté du rectorat de l'académie de Montpellier, joint par France 3 Occitanie, "le collège Croix d'Argent n'est pas plus dans le rouge que les autres établissements de l'académie." L'inspection d'académie conteste également l'équation "plus de moyens humains moins de problème" avancée par les parents d'élèves.
Les services de la rectrice ont cependant lancé une enquête pour "objectiviser la situation". Il s'agit d'évaluer si les violences et les tensions sont une réalité ou de l'ordre du ressenti.
Dans le quartier Près d'Arènes, la mixité sociale est en tous cas une réalité. Habitants des barres d'immeubles, des petites résidences et des maisons individuelles s'y côtoient. Pour les parents d'élèves, il serait dommage que le collège ne soit plus le reflet de cette diversité. Ils craignent que, faute d'être entendus, ils ne puissent convaincre les familles les plus aisées de laisser leurs enfants scolariser dans l'établissement.