Aujourd'hui, 11 métropoles de France sont en ZFE, en Zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). Au 1er janvier 2025, la loi imposera un tel dispositif dans toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants. Mais deux députés LFI d'Occitanie demandent une pause dans la mise en place du système.
Sylvain Carrière député La France Insoumise de l'Hérault et son collègue François Piquemal, élu de la Haute-Garonne repartent au combat contre les ZFE de Montpellier et Toulouse.
Comme ils l'ont déjà fait en 2022, ils dénoncent un dispositif "ressenti comme profondément injuste pour les Français les plus modestes" et affirment qu'il s'agit d'une "bombe sociale" à l'image du mouvement des gilets jaunes.
Les deux parlementaires préconisent une refonte des zones à faibles émissions (ZFE) pour éviter que les classes populaires ne soient pénalisées.
Selon une récente consultation menée par le Sénat, 86% des particuliers et 79% des professionnels se disent opposés au déploiement des ZFE.
Reste que la loi impose un calendrier pour l'application des ZFE.
4 questions à Sylvain Carrière
France 3 Occitanie : Pourquoi vous attaquer aux ZFE, pensées pour réduire la pollution de l'air des grandes villes ?
Sylvain Carrière, député LFI de l'Hérault : nous avons déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale pour répondre aux problèmes créés par la mise en place des ZFE. Tout le monde est d'accord pour dire que cela pose problème, même des députés d'autres partis que le mien. Il faut donc agir.
France 3 Occitanie : Votre proposition de loi est intitulée pour le "bon développement des ZFE", que faire pour améliorer la loi ?
On peut suspendre la mise en place des ZFE. D'abord dans les métropoles où il y a des soucis et ensuite dans les 43 villes moyennes où les ZFE doivent entrer en vigueur avant le 31 décembre 2024. Il faut surtout conditionner les ZFE à la présence d'un réseau de transports en commun et de mobilités douces efficace. Il doit y avoir des alternatives à la voiture sans pénaliser les utilisateurs. Un trajet domicile-travail en transports en commun ne doit pas excéder 1,5 fois la durée d'un trajet en voiture. Sinon, les utilisateurs ne l'acceptent pas.
Chaque métropole a ses dérogations propres, ce n'est pas normal. De plus, on sort de la réglementation les autoroutes ou rocades urbaines, pourquoi ? Ce sont en général les zones les plus polluantes. Bref, on est parti d'une bonne idée mais on a mis la charrue avant les boeufs.
France 3 Occitanie : Vous demandez aussi une redéfinition des vignettes Crit'Air et un abaissement de la TVA sur les transports en commun les moins polluants.
Oui, il faut redéfinir la vignette Crit'Air pour tenir compte du poids du véhicule et ainsi pénaliser les véhicules du type SUV notamment. La date de mise en circulation et le carburant ne font pas tous dans la pollution des voitures thermiques.
On peut aussi abaisser la TVA sur les billets de train et de transports en commun, développer la filière du "retrofit" (pour remplacer le moteur thermique d'un véhicule par un moteur électrique) et encore augmenter les aides pour les plus précaires. Taxer les voyages courts en avion...
France 3 Occitanie : la ZFE, "une bombe sociale", c'est un slogan de campagne ?
Non, nous voulons une écologie populaire et la mener étape par étape, pas en imposant et en punissant. La santé et la qualité de l'air, c'est important pour tous, les maladies respiratoires font 40.000 décès par an en France. Mais souvenez-vous comment est né l'épisode des "gilets jaunes" en 2018-2019, d'un mouvement citoyen contre la hausse d'une taxe sur les carburants.