Après les députés NUPES-LFI de l'Hérault, l'association 40 millions d'automobilistes monte au créneau contre les ZFE en France. Elle dénonce une "mesure environnementale obsolète" et "une bombe sociale à retardement".
Les ZFE, zones à faibles émissions, font de plus en plus polémique en France.
Alors que leur mise en place a été votée et annoncée, il y a quatre ans, les mesures anti-pollution dans les ZFE ne seront totalement applicables qu'en 2028, pour les agglomérations de plus de 150 000 habitants.
A Montpellier, par exemple, le calendrier des interdictions des véhicules polluants et du périmètre concerné par la ZFE est progressif. Avec une verbalisation qui pourrait débuter au 1er juillet prochain.
Les opposants montent au créneau
C'est par une lettre ouverte à Michaël Delafosse que Sylvain Carrière et Nathalie Oziol, deux députés NUPES-LFI de l'Hérault, ont réclamé il y a quelques jours, la suspension de la ZFE de Montpellier. Ils mettent en avant le caractère "injuste" de cette mesure environnementale et détaillent un argumentaire en faveur de plus de transports en commun.
Cette demande de suspension de la ZFE de Montpellier intervient au moment où la métropole de Lyon a fait le choix de reporter de 2 ans l’application de la sienne et où le maire RN de Perpignan vient de faire voter une motion contre l'application de la ZFE dans la préfecture catalane en 2025.
Aujourd'hui, c'est au tour de l'association 40 millions d'automobilistes de tirer à boulet rouge sur les ZFE.
"Zones à faibles émissions : la France à rebours"
C'est par ce slogan choc, que l'association proche du lobby de l'automobile entame sa charge contre la loi d'orientation des mobilités, dans un communiqué daté du 2 mars 2023.
Selon elle, la qualité de l'air à l'échelle européenne s'améliore depuis 2000 alors que les ZFE, en France, entrent tout juste en service. Pour le président de "40 millions d'automobilistes", il reste à prouver que les ZFE ont un impact positif sur la pollution et la qualité de l'air.
"Il est évident que cette amélioration est le fruit de multiples facteurs. En outre, aucune étude scientifique ne prouve que les ZFE en particulier ont eu un réel impact sur les émissions polluantes du transport routier. Il y a fort à parier que l’évolution aurait été la même en Europe sans la mise en œuvre de ces restrictions de circulation dans les grandes villes et que, pour le cas de l’Allemagne qui les abandonne progressivement, la qualité de l’air continuera à s’améliorer après la disparition des ZFE. C’est tout le paradoxe – et l’ineptie – à laquelle vont se confronter les autorités françaises", explique Philippe Nozière.
Autre argument la mesure est "obsolète". Pour preuve, l'Allemagne fait marche arrière.
Nous sommes en 2023. L’Allemagne, qui figure parmi les pays qui ont le plus de recul par rapport à la politique ZFE, estime qu’elles sont désormais inutiles et les supprime donc progressivement. Parallèlement, la France – qui cherche toujours à imiter ses voisins européens mais qui a toujours un train de retard sur tout ! – veut généraliser les ZFE-m en 2025. Encore une fois, on est à contre temps et on risque de le payer très cher socialement, économiquement et politiquement.
Pierre Chasseray, délégué général de "40 millions d'automobilistes"
"Vers une crise sociale majeure"
Enfin comme plusieurs parlementaires de la NUPES, l'association met le gouvernement en garde contre l'opinion publique "opposée aux restrictions de circulation sur leur mobilité quotidienne".
"S’il est une mesure politique ces dernières années qui fait l’unanimité contre elle, c’est bien l’instauration des ZFE-m ! Plus le dispositif se déploie et plus des voix politiques de tous bords s’élèvent pour dénoncer l’injustice sociale de la mesure et la précipitation de sa mise en œuvre au regard de l’absence d’alternatives et d’aides pour les usagers visés par les interdictions. Rappelons qu’on parle de 50% des véhicules qui ne pourront plus accéder à 43 agglomérations grandes ou moyennes (et donc à des services administratifs, de santé, aux loisirs, aux commerces…) dans moins de 2 ans !".
Les ZFE en France, c'est une bombe sociale à retardement.
Philippe Nozière, président de "40 millions d'automobilistes"
La conclusion semble autant un constat qu'une menace. L'association demande donc au gouvernement "plus de souplesse dans la mise en œuvre du dispositif ZFE, que cela soit par un éventail plus large de dérogations ou un report du calendrier de déploiement".