Alors que le préfet de l'Hérault menace de fermeture administrative les établissements de plage qui dépasseraient le seuil autorisé de décibels en soirée, ces derniers redoutent des pertes de chiffre d'affaires. Car ces paillotes sont devenues en deux décennies des poids lourds du tourisme.
Le grain de sable dans la machine économique bien huilée des paillotes est venu de la préfecture de l'Hérault. En menaçant de fermeture administrative les établissements de plage qui dépasseraient le seuil autorisé de décibels lors de leurs très prisées soirées musicales, les autorités font planer la menace d'une perte de chiffre d'affaires, aux dires des intéressés.
Plusieurs centaines d'emplois dans le seul département de l'Hérault
Car les paillotes sont devenues en deux décennies des poids-lourds de l'économie touristique des littoraux languedocien et roussillonais. Dans le seul département de l'Hérault, on en recense 71 sur 13 communes et 90 kilomètres de plage. Dans une étude réalisée dans 26 d'entre elles en 2015, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Montpellier avait établi que dans ces seuls établissements répartis entre La Grande-Motte et Villeneuve-lès-Maguelone :
210 personnes étaient employées en moyenne sur l'année, avec des pointes à 494 collaborateurs en juillet et 479 en août (soit 20 % de l'emploi saisonnier sur cette partie du littoral).
Plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires
Ces 26 paillotes généraient à elles seules 19 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'époque. Elles reversaient en tout 968.000 euros annuels de redevances aux communes au titre des concessions. Car ces établissements de plage font l'objet depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000 de conventions d'occupation temporaire du domaine public maritime.
Démontage à l'automne, remontage au printemps
En clair : les communes littorales réattribuent les emplacements via des appels d'offres selon une périodicité qui varie de l'une à l'autre (6 ans par exemple à La Grande-Motte), mais qui ne peut excéder 12 ans.
Des paillotes toute l'année dans les années 1980 et 1990
Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Jusqu'au début des années 2000, des établissements construits "en dur" existaient dans certaines stations balnéaires, dont Sète, Carnon ou encore sur la plage des Aresquiers, à Frontignan.
Leur démolition est intervenue au terme d'un long bras de fer (notamment judiciaire) de plusieurs années entre les propriétaires et la préfecture de l'Hérault, qui entendait faire respecter la loi littoral et le principe de libre accès au domaine public maritime.
Guerre de tranchées dans les dunes au début des années 2000
A Sète, en février 2003, 200 policiers dont une équipe du GIPN ont été mobilisés pour faire exécuter la décision de démolition prononcée par le tribunal administratif de Montpellier, face aux propriétaires récalcitrants des 4 dernières paillotes qui avaient décider d'occuper leurs établissements.
Normes environnementales strictes
Aujourd'hui, les structures doivent respecter des normes environnementales strictes et surtout être démontables et démontées chaque automne, pour être remontées au printemps, laissant la plage nue tout l'hiver afin de préserver le trait de côte de l'érosion. Ce qui n'empêche pas les coups de mer et parfois les dégâts qui vont avec, comme cela a été le cas au mois d'avril 2019 sur la plage du Grand Travers, à Carnon.
Rentabilité au beau fixe
Malgré ces aléas climatiques et une réglementation drastique, la rentabilité des paillotes reste au zénith sur l'ensemble du littoral régional, qui compterait quelque 150 de ces plages privées. Elles étaient 67 dans les seules Pyrénées-Orientales en 2017. En Pays Catalan, elles employaient 485 salariés et généraient il y a deux ans 12,5 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à une clientèle locale à 45%.