Coronavirus : le goût amer de la crise sanitaire pour les brasseurs d'Occitanie

Les brasseurs de bières indépendants sont inquiets. Ils subissent de plein fouet les effets du confinement avec la fermeture des bars et restaurants. A cela s’ajoute l’annulation de nombreux événements et festivals cet été. Une double peine.
 

Comme un goût amer. C’est ce que laisse la crise sanitaire chez les petits brasseurs de bières indépendants.  En Occitanie, région viticole, la consommation de bière reste loin derrière le vin… mais elle est consommée par plus de 17% des adultes selon une étude de santé publique.L’engouement pour cette boisson est bien réel dans la région avec 170 brasseurs indépendants recensés en Occitanie et 1200 en France.
De petits producteurs pour la plupart, qui ont vu leurs circuits de distribution bouleversés par le confinement dès le 17 mars.
A Marquixanes dans les Pyrénées-Orientales, Jean-Bastien Casteuble brasseur depuis 11ans en pays catalan a vécu un coup d’arrêt brutal : « Nous avons une petite production de 600 hl. Nous vendons traditionnellement nos bières aux bars et restaurants locaux. Deux mois de confinement, c’est 80% de perte de nos débouchés », explique-t-il.

Une partie de la production perdue

S’ajoute à cela une partie de la production perdue faute d’avoir pu être mise en bouteille.

 Je viens de jeter deux cuves. On a un gros boulot de désinfection devant nous.

Un coup dur pour cette petite entreprise qui ne bénéficie pas d’un réseau de distribution en grandes surfaces. Les livraisons mises en place chez les particuliers ne compenseront pas le manque à gagner. Seul espoir pour Jean-Fabien Casteuble, la saison estivale. Le brasseur affiche un bel optimisme « Beaucoup de manifestations sont annulées c’est vrai, mais tout redémarre. Nous travaillons aussi avec des particuliers pour des mariages et des anniversaires et puis si les fêtes de village du 14 juillet sont annulées, nous espérons pouvoir compter sur celles du 15 août ! », nous confie-t-il.
Même si Jean-Fabien garde un moral d’acier, il ne le cache pas, cette crise laissera des traces. « Il faudra des mois pour un retour à la normale. Nous avons eu des aides, mais nous avons dû puiser dans notre trésorerie pour faire face. Il faut vraiment que l’activité redémarre maintenant d’autant que nous avions misé sur de gros projets en terme de matériel » explique-t-il. La brasserie de l’Alzina prévoit en effet en septembre de changer d’équipement. L'objectif,  ne plus utiliser d’électricité mais des huiles de restauration pour produire l’énergie de la brasserie.

"Nous ferons les comptes en septembre"

Inquiétudes également à Saint-Christol, dans l’Hérault, pour la micro brasserie bio "Le Petit Caboulot". Eric Thérond  a démarré sa production il y a deux ans tout juste. 180 hl distribués en vente directe ou dans les magasins bio. La distribution ne s’est pas arrêtée avec le confinement. Mais c’est l’avenir qui l’inquiète. 

Ce n’est pas maintenant que l’on souffre. Le plus gros de notre activité se concentre sur la vente de fûts en juin, juillet et août. Mais avec l’annulation de nombreux festivals, on risque bien de perdre 50 % de notre chiffre d’affaire , explique Eric Thérond.


Il pense en particulier aux marchés nocturnes d’été, au festival Un Piano sous les arbres de Lunel-Viel (Hérault).
« Nous ferons les comptes en septembre, mais ça risque d’être difficile. On va devoir puiser dans notre trésorerie. Et puis, il faut savoir qu’au-delà du 15 juin, plus aucune aide n’est prévue », s’inquiète-t-il.
Les 170 brasseurs de la région n’ont pas d’autres choix, à l’image du catalan  Jean-Fabien Casteuble, que d’attendre « les beaux jours » et surtout des jours meilleurs.
 
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