ENVIRONNEMENT. Interdiction des rassemblements de plus de 12 personnes pour protéger les tocs de l'étang de Thau

L'accès aux tocs, ces bancs de sable de cette zone protégée de l'étang de Thau près de Sète était déjà strictement réglementé. Mais la multiplication des activités touristiques et festives sur et autour de ces îlots met en danger les oiseaux marins protégés qui y nidifient à même le sol durant l'année.

Priorité aux espèces protégées. Afin de préserver la reproduction des oiseaux, ainsi que le reste de la faune et de la flore qui constituent la biodiversité de l'étang de Thau, le Préfet de l'Hérault a interdit les rassemblements de plus de 12 personnes, depuis ce vendredi 9 août, dans la zone environnementale sensible des tocs, ces bancs de sable qui affleurent au large du cordon dunaire du Lido. L'arrêté est en vigueur jusqu'au 30 septembre 2024. 

Excursions et business sur les îlots 

Situés au beau milieu de l’étang de Thau, les tocs s'étendent sur 20 kilomètres, entre Sète et Marseillan.

Chaque année, la zone est convoitée par les plaisanciers pour sa beauté et sa tranquillité. Mais des sociétés proposent aussi aux touristes de les emmener en bateau jusqu'aux îlots pour y installer une table de camping et déguster un repas les pieds dans l'eau.

Espaces protégés

Or, les tocs sont depuis longtemps des espaces protégés. Des zones de nidification des oiseaux marins ont été interdites en mai 2024 et il est défendu de jeter l'ancre pour accéder au reste du banc de sable depuis 2009, afin de ne pas tuer les grandes nacres, des coquillages, et les zostères, des herbes marines. 

Chiens, musique et lumière interdits

La gendarmerie et les affaires maritimes naviguent régulièrement sur le bassin pour veiller au respect de ces restrictions l'été. Mais l'attrait touristique pour les tocs grossissant, il devient difficile de concilier le loisir des uns et la quiétude des lieux. 

Des contrôles réalisés par la gendarmerie ont mis en évidence la fréquentation du site par de nombreuses embarcations, pour certaines à usage commercial, entraînant dans certains cas une surfréquentation touristique du site, incompatible avec la préservation de sa biodiversité.

Préfecture de l'Hérault

Le Syndicat mixte du bassin de Thau (SMBT), dédié à la protection de la zone, confirme les observations des autorités. "Les activités sur les tocs, c'est une tradition connue. Mais nous avons observé des dérives cette été", commente le directeur du SMBT, Stéphane Roumeau. Les rassemblements ont selon lui grossi en nombre, mais ils sont aussi devenus de plus en plus festifs. 

Pour cette raison, le nouvel arrêté préfectoral interdit aussi "les chiens, la diffusion de musique et de lumière" sur ces bancs de sable. 

Nids d'oiseaux marins

En courant sur les ilots, les chiens risquent de tuer les oiseaux qui nichent à même le sable. La musique peut aussi aisément les faire fuir.

Cet été, des espèces protégées ont encore élu domicile sur l'étang de Thau. Plus de 160 nids de sternes naines, de sternes pierragarins et d'avocettes élégantes ont été recensés sur la lagune, informait le SMBT au mois de juin. Selon Stéphane Roumeau, 80% des sternes de Méditerrannée se reproduisent sur les tocs.

La période de nidification vient de se terminer. "Les poussins s'entrainent maintenant à l'envol, mais ils ont encore besoin des tocs pour s'y reposer", précise Stéphane Roumeau. "Ils partiront définitvement à la mi-septembre". 

Pendant l'automne, des migrateurs s'y installeront à leur tour. Selon lui, pour les oiseaux, les tocs sont un véritable "hôtel à l'année".