Alors que l'interdiction de vente des huitres et des coquillages de l'étang de Thau, à cause d'un virus, est toujours en vigueur, les professionnels ont fait leurs comptes. Le préjudice s'élève à près de 7 millions d'euros. Ils vont porter plainte contre Sête agglopôle dans le cadre de la loi sur l'environnement et la biodiversité, une première en Méditerranée.
Le constat est implacable. Depuis quatre ans, les crises sanitaires se multiplient dans la lagune de Thau. Et les interdictions de récolte et/ou de vente des huîtres et des coquillages plombent les finances des entreprises et des mas ostréicoles. D'autant que les crises se concentrent en décembre, un mois qui représente environ 30% des recettes annuelles.
Le bassin de Thau, ce sont 500 producteurs et 10% de la production conchylicole nationale.
Un préjudice de 6,8 millions d'euros
La fermeture sanitaire depuis le 28 décembre dernier et les coûts de retrait et de rappel des produits contaminés par des norovirus sont déjà estimés à 6,8 millions d'euros par les conchyliculteurs. Sans parler de la mauvaise image désormais véhiculée par les produits du bassin.
Les différentes collectivités et l'Etat ont promis, lors d'une réunion mercredi à Mèze, des aides, des reports de taxe, d'impôts et de charges. La Région Occitanie annonce une enveloppe de 1 million d'€ pour apporter une aide de trésorerie, sous forme d'avance remboursable.
La MSA fera une effort sur les cotisations sociales.
Une plainte pour atteinte à l'environnement
Ces crises sanitaires sont causées par la météo mais surtout par les rejets des eaux d'assainissement dans la lagune. Malgré la construction et la réhabilitation des stations d'épuration dans les communes qui bordent l'étang, les rejets d'eaux usées conjuguées au réchauffement de l'eau du bassin favorisent le développement des virus.
Ces accidents sanitaires à répétition étant d'origine humaine, ils ne peuvent entrer dans le cadre de la calamité agricole. Pourtant, les ostréiculteurs en sont bien les victimes.
Il y a trop d'incidents sur les réseaux. Ce sont des problèmes objectifs avec documents officiels qui en attestent. Il va falloir démontrer les responsabilités pour obtenir des indemnisations et des solutions.
Patrice Lafont, président du Comité régional de conchyliculture de Méditerranée.
Les professionnels ont donc décidé de porter plainte contre Sète agglopôle Méditerranée pour atteinte à l'environnement sur la base des article L.216-6 et L.432-2, concernant le délit de pollution des eaux. Un processus judiciaire long et compliqué.
François Commeinhes, maire de Sète et président de Sète agglopôle Méditerranée dit être conscient du problème. Il précise d'ailleurs "on a fait d'énormes travaux pour améliorer le système d'assainissement avec plus de 170 millions d'€ investis".
Le comité régional de conchyliculture de Méditerranée a donc décidé une action en justice pour faire avancer les choses. Cette plainte sera soutenue en théorie par des centaines d'autres, puisque le CRCM demande aux 500 professionnels de Thau de porter plainte également en leur nom propre.