Depuis ce matin, de nombreux ostréiculteurs de l’étang de Thau ont cessé de commercialiser leurs coquillages. Les analyses ont révélé la présence dans la lagune de norovirus, le virus de la gastro-entérite. C'est un coup très dur pour les producteurs. Un arrêté préfectoral vient d'être pris au moins jusqu'à mi-janvier.
Sur l’étang de Thau dans l’Hérault ce vendredi, c’est le coup de massue. La préfecture vient d'interdire la vente des coquillages élevés sur la totalité du bassin. En cause : des prélèvements qui montreraient la présence de norovirus, un virus aux effets gastro-intestinaux bien connus. Ce matin, sans attendre la publication de l’arrêté et alors que les responsables syndicaux de la profession étaient encore en réunion avec les services du préfet, certains des 500 producteurs de la lagune avaient déjà anticipé et fermé leurs étals, comme l'ont constaté certains clients notamment aux halles de Sète. Un conchyliculteur de Loupian nous a expliqué : "on est en train d’appeler tout le monde et d’annuler les commandes pour le Nouvel An".
Le texte concerne tous les coquillages récoltés et stockés en bassins depuis le 15 décembre. Seuls ceux qui l'ont été avant cette date peuvent être encore vendus. Mais comme l'explique Patrice Lafont, le président du Comité Régional Conchylicole de Méditerranée : "tout le monde n'a pas la même quantité de stockage. Les plus petits producteurs vont être les plus pénalisés".
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Du jamais vu depuis 33 ans
Un tel arrêté est une catastrophe économique pour ce secteur qui réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires annuel pendant les fêtes de fin d’année. Cela n'était pas arrivé depuis 1989. A l’inverse, d’autres attendaient d’avoir le texte sous les yeux pour stopper leurs ventes, à l’instar de Jean-Christophe Cabrol, ostréiculteur à Bouzigues et ancien vice-président du Comité Régional Conchylicole de Méditerranée. Il écoule 20% de sa production annuelle à cette période de l’année et il est vent debout contre cette interdiction.
Des norovirus, il y en a partout ! J’ai personnellement arrêté de manger des coquillages depuis deux mois car j’ai la goutte et j’ai quand même eu la gastro. Tout le monde l’a en ce moment et il fallait trouver un coupable : forcément les huîtres, comme d’habitude.
Jean-Christophe Cabrol, conchyliculteur à Bouzigues (Hérault)
Le Nouvel An à l'eau
Pour Patrice Lafont, le président du Comité Régional Conchylicole de Méditerranée, la contamination du milieu ne fait hélas pas de doute :
Il y a neuf cas de gastro-entérites pour lesquels il y a un faisceau de présomption confirmé sur les huîtres. On sait que le virus est résistant dans l'eau et que les coquillages sont des organismes filtreurs et donc transmetteurs. Maintenant, la contamination du milieu est d'origine humaine, donc on va se tourner vers les collectivités et l'Etat pour qu'ils nous expliquent comment c'est possible en 2022 de ne pas pouvoir garantir la qualité et la stabilité de notre milieu sensible et d'ailleurs protégé.
Patrice Lafont, président du Comité Régional Conchylicole de Méditerranée
Pas de réouverture avant mi-janvier
De nouvelles analyses devraient avoir lieu la semaine prochaine et la suivante. Si les résultats de deux prélèvements consécutifs s’avéraient bons, l’étang pourrait alors rouvrir au mieux le 12 janvier. Trop tard pour sauver le Nouvel An, pic traditionnel de consommation des huîtres de Thau, déjà affecté par les effets de la chaleur prolongée cette année qui a fait chuter les quantités produites. Le préjudice de cette fermeture de la totalité des zones de production de l'étang de Thau, et qui concerne l'ensemble des coquillages d'élevage et sauvages, est estimé à plusieurs millions d'euros.
