La guerre du foie-gras fait rage entre les Etats-Unis et les producteurs français. Le gouvernement a pris position.
Toulouse: le foie-gras a du soutien
Le gouvernement a apporté hier son soutien à la filière du foie-gras, au moment où la guerre est déclarée avec les lobbys américains.
Le ministre délégué à l'agroalimentaire Guillaume Garot est venu hier dans le Gers pour assurer les professionnels du foie gras du soutien du gouvernement face à la guerre engagée dans le monde anglo-saxon par les lobbys anti-gavage au nom du bien-être animal.
Face à la loi californienne interdisant depuis le 1er juillet la production et la vente de foie gras, le ministre a exclu un recours devant l'OMC mais a promis à l'interprofession une bataille "politique économique et culturelle" après ce "signal d'alerte" pour convaincre des bienfaits du foie gras et gagner des marchés à l'exportation.
M. Garot a consacré toute sa journée à cette œuvre de réconfort et de promotion des professionnels en commençant par la visite d'une usine de transformation de foie gras à Samatan avec le président du conseil général Philippe Martin (PS), le préfet du Gers, les principaux responsables de l'interprofession et l'ancien restaurateur et ex-président de l'UMIH (syndicat des métiers de l'hôtellerie) André Daguin.
Il a ensuite réuni élus et représentants de la filière à la préfecture d'Auch.
A défaut de voir une séance de gavage, scène sensible même "si les animaux ne souffrent pas" selon les producteurs, le ministre a eu droit à la visite des ateliers de transformation des "Fleurons de Samatan" dans une ambiance de propreté rappelant un bloc opératoire.
Il a pu saluer le travail de qualité symbolisé par le logo "canard du Gers" de l'entreprise, intégrée depuis trois ans à l'ensemble Vivadour (200 coopérateurs, 4 millions de canards), actionnaire de Delpeyrat et de la Comtesse du Barry.
Se tirer une balle dans le pied
A Auch, le ministre a d'emblée indiqué aux défenseurs du foie gras que la lutte judiciaire n'aurait pas de sens contre la loi californienne. "Déposer un recours devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ne serait pas la bonne solution, on risquerait de le perdre et d'avoir des mesures de rétorsion", a déclaré M. Garot.
La France représentant près de 90% de la production et de la consommation mondiale, il serait illusoire de "faire valoir un préjudice" dû à l'interdiction californienne: "Ce serait se tirer une balle dans le pied" a-t-il poursuivi.
Face aux lobbys anti-foie gras et anti-viande "extrêmement puissants aux USA et dans le monde anglo-saxon", M. Garot privilégie un travail de "conviction".
"Nous devons d'abord convaincre nos amis américains qu'ils font fausse route et éviter une contagion à tous les Etats-Unis", a assuré M. Garot en annonçant une prochaine rencontre avec l'ambassadeur américain.
Le ministre a souhaité une action de promotion similaire dans l'Union européenne et a précisé qu'il participerait le 16 octobre à une "exposition pédagogique" organisée à Bruxelles au Parlement Européen par la députée socialiste européenne du sud-ouest Françoise Castex.
Il a aussi promis de faire rapidement "un inventaire des barrières sanitaires à l'exportation" et a indiqué qu'il aiderait la filière, forte de 35.000 emplois, "à gagner des marchés d'exportation".
"Je me battrai pour que les entreprises puissent être présentes dans les prochaines foires internationales en Russie et à Shanghai" a-t-il indiqué.
"On travaillera aussi sur l'adaptation aux habitudes culinaires locales: cela a été un succès au Japon", a-t-il ajouté.
M. Garot a enfin estimé possible de mener la bataille culturelle sur "les bienfaits du foie gras" en s'appuyant sur des études indiquant qu'il contient les mêmes acides gras de qualité que l'huile d'olive.