L’Assemblée Nationale a adopté jeudi 8 avril le projet de loi sur les langues régionales. A point nommé pour la liste « Occitanie Ecologiste et Citoyenne » qui se qualifie, suite à ce vote, de « liste du moment ». Entretien avec sa tête de liste.
Après l’adoption du texte de loi sur les langues régionales, « nous sommes désormais la liste la plus naturelle, la plus réelle même » s’enthousiasme Jean-Luc Davezac. Et la tête de liste de « Bastir Oc » de rappeler que depuis 1951, « c’est plus d’une cinquantaine de tentatives de loi de ce type qui a échoué ».
Mais alors qu’est-ce que cette loi a de si important pour les langues régionales pour le désormais candidat aux régionales ?
« La possibilité de commencer l’enseignement de l’Occitan dès le primaire notamment. Mais plus largement nous nous sommes remis au niveau de nos voisins européens. Et dans un pays géré comme une monarchie absolue, nous avons renversé la tendance qui éloigne de plus en plus ses dirigeants de ses régions » développe le régionaliste.
Cette fois en solo et non en soutien
Jean-Luc Davezac n’est pas un débutant en politique. Ce rocardien dans l’âme a eu par le passé sa carte au PS et a déjà concouru sur à peu près tous les scrutins. Gersois, il a aussi été adjoint au maire de l’Isle-Jourdain. Mais cette fois-ci, c’est sous les couleurs rouge et jaune d’ « Occitanie écologiste et citoyenne » que les occitanistes de « Bastir Oc » se lancent. En solo et non plus en soutien d’un autre parti politique traditionnel.
Nous souhaitons avoir plus de représentants que notre unique élu habituel dans l’assemblée régional de 150 conseillers
« Plusieurs raisons à cela. D’abord nous souhaitions avoir plus de représentants que notre unique élu habituel dans l’assemblée régional de 150 conseillers ». « Ensuite pour notre liberté. Nous ne sommes ni à droite, ni à gauche » précise ce centriste de cœur. « Enfin, nous sommes pour une réelle démocratie participative ».
Jean-Luc Davezac insiste, l’initiative n’a pas démarré hier : « nous avons constitué plus de 200 comités dans près de 41 départements ». D’autres mouvements ont aussi rejoint « Occitanie Païs Nostre » comme « Résistons » mené par Jean Lassale. « Son côté « ancré dans le terroir » colle totalement à nos convictions.
Un programme au-delà de la langue occitane
Etre Occitan, c’est aussi une culture de vie, la douceur de vivre et le partage sur une terre de brassage. On est occitan quand on vient habiter en Occitanie pas forcément par le sang ». « D’ailleurs, il n’est pas question que de la langue dans notre programme » prévient Jean-Luc Davezac.
L’écologie et le consommer local seront en bonne place. La laïcité, un des chevaux de bataille du parti républicain solidariste, sera aussi abordée. « On n’est pas des indépendantistes. Nous n’avons rien contre la République, mais on veut que les décisions soient prises dans la Région ».
Aller jusqu’au bout
Seulement se lancer dans des Régionales n’est pas une sinécure et le budget d’une campagne avoisine souvent le chiffre à six zéros. « C’est notre gros problème » reconnaît volontiers Jean-Luc Davezac. « On n’a aucun moyen financier, on va donc solliciter tout le monde ». La constitution des listes, elle, ne semblerait pas poser problème en revanche. « Elles sont déjà complètes dans certains départements ».
On discutera jusqu’au dernier mouvement. On ne fonctionne pas à l’idéologie, on fait de la politique par plaisir
Le tout juste sexagénaire concède que les discussions se poursuivent avec le PS et EELV notamment. « On discutera jusqu’au dernier mouvement. On ne fonctionne pas à l’idéologie, on fait de la politique par plaisir ».
Partir seul pour ces occitanistes, « un coup de poker » indique la tête de liste. « Mais après l’adoption de la loi sur les langues régionales, avouez que ce serait quand même comique de n’avoir qu’un seul représentant au conseil régional » interpelle Jean-Luc Davezac.