"On n'a plus de raisin, on n'a plus d'argent" : la filière viticole du Lot sur le point de disparaître ?

C'est un véritable appel au secours que les vignerons de l'appellation des vins de Cahors lancent vendredi 26 avril 2024 devant la presse. Après plusieurs années déjà compliquées, le dernier épisode de gel menace d'anéantir la filière viticole du Lot. Explications.

C'est toute la filière des vins de Cahors qui tire aujourd'hui la sonnette d'alarme. Depuis 2017, elle est dans une situation économique fragile et ne cesse de subir les aléas climatiques. Et le dernier épisode de gel de ce mardi 23 avril 2024 a été dévastateur. "Toute la vallée du Lot a brûlé, il doit rester 80 hectares de vignes vivantes", estime le président de l'AOC des vins de Cahors. Pour Nicolas Fournié, l'urgence est absolue sous peine de voir disparaitre la filière et son appellation.

"Chaque jour, on a mal quelque part"

Crise sur le marché des vins rouges en 2017, six aléas climatiques majeurs sur les huit dernières années, le mildiou suivi d'un gros coup de chaleur en 2023... Les rendements dans les vignes du Lot ne cessent de s'amenuiser. "En 2023, nous avons enregistré notre plus petite récolte historique, affirme Nicolas Fournié. Depuis, on se retrouve à gérer l'urgence avec des trésoreries en difficulté".

Ça dépérit doucement. Et chaque jour, on a mal quelque part.

Nicolas Fournié, président de l'AOC des vins de Cahors

L'aire d'appellation s'étend sur 4500 hectares. "On en revendique 3300, explique Nicolas Fournié. Avant le dernier épisode de gel, on était sur 2800 à 3000 hectares." Et le gel a terriblement affecté les vignobles du Lot. Les pertes s'annoncent énormes. Et la crainte, désormais, c'est que les vignerons jettent l'éponge et que les surfaces se réduisent comme peau de chagrin. Selon Nicolas Fournié, 1000 hectares de vignes sont aujourd'hui en difficultés financières. Et les vignerons en détresse.

On n'entend plus personne, c'est bizarre. Tout le monde a la tête basse.

Nicolas Fournié, président de l'AOC des vins de Cahors

"L'État doit réagir"

Des réunions de crise ont été organisées en préfecture, puis au ministère de l'Agriculture. Mais les embûches sont toujours plus nombreuses. Exemple avec le fonds d'urgence débloqué par l'État après le mouvement de colère des agriculteurs. Le souci, c'est qu'il y a eu une erreur de calcul sur le nombre de dossiers éligibles, selon Nicolas Fournié, et l'enveloppe prévue s'annonce insuffisante.

D'autres dispositifs financiers posent question chez les viticulteurs. Il y a notamment l'assurance récolte dont les perspectives de remboursement en cas de pertes sont trop faibles. Et puis, il y a les aides à l'arrachage dont les modalités ne sont pas encore clairement définies, selon le président de l'AOC des vins de Cahors.

Des vignes arrachées faute de rendement, il y en a de plus en plus dans le Lot. "Il y a une zone, de Cahors à Luzech, où cela commence à se voir", selon Nicolas Fournié. Pour beaucoup, ce sont des vignes en location, qui sont rendues à leur propriétaire et que personne ne reprend. "Des vignes assez âgées pour lesquelles il est difficile, d'envisager de remettre des emprunts dessus", explique encore le représentant de l'AOC.

Faut-il laisser mourir toute la filière et détruire son environnement économique, commercial et touristique ? C'est la question posée par les représentants de l'appellation, les vignerons indépendants et l'union interprofessionnelle des vins de Cahors, à plusieurs élus ce vendredi 26 avril. Les représentants de la filière ont exposé leur situation au député Aurélien Pradié, à la tête de liste LR pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy, et des élus de la Région. Tous en appellent à l'État pour débloquer des aides et continuer à faire vivre une appellation créée en 1971.

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