Jamais paysage politique n’a été si explosé, jamais autant de maires ne se sont déclarés "sans étiquette". Dans ce contexte, le système de parrainage des candidats à la Présidentielle fait actuellement polémique. Sans illusions, les élus d'Occitanie s’apprêtent à rendre leur verdict.
"C’est la première fois qu’on a autant de sollicitations", n’hésite pas à déclarer Jacques Oberti. "Autant de sollicitations et autant de candidats illustres inconnus", complète le président de l’Association des Maires de France en Haute-Garonne.
Moins d’agitation pour le Président de l’AMF en Occitanie, aussi maire de Cahors : "Mais ça peut changer à partir du 30 janvier où les parrainages pourront être posés officiellement", explique Jean-Marc Vayssouze-Faure. Dans son département, il y a cinq ans, 25% des élus habilités à le faire avaient donné leur parrainage, "plutôt vers les républicains que vers les extrêmes".
Chez nous dans le Lot, quelques partis sont bien installés, ça laisse donc moins de place aux extrêmes
Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire (PS) de Cahors
Jean-Marc Vayssouze-Faure garde toutefois le souvenir "de certains maires qui s’étaient sentis isolés pour avoir parrainé Marine Le Pen".
De son côté, Jean-Philippe Bésiers n’est pas plus sollicité du fait de ne pas être encarté dans un parti. "Moi, je fais partie de ceux qui ne donnent pas de parrainage" assume le maire de Castelsarrasin. Pourquoi ? "Mon conseil municipal est hétéroclite. J’ai des Communistes comme des LR". Mais l’élu tarn-et-garonnais, "sans être harcelé au téléphone", admet recevoir beaucoup de courriers et de mails ces temps-ci.
Même positionnement du côté de la nouvelle maire (Divers Centre) de Pamiers en Ariège. "Je ne souhaite parrainer personne étant élue avec une liste plurielle" reconnaît volontiers Frédérique Thiennot. "Je ne veux pas choisir entre mes adjoints", explique-t-elle encore.
Jeu de dupes
"On nous la fait pas" assure Jacques Oberti. "On la connaît cette surenchère. Certains candidats ne savent plus comment s’y prendre pour se faire de la publicité. On a du mal à croire qu’ils ne vont pas obtenir leurs parrainages", s’amuse le maire socialiste d’Ayguevives.
Le sujet a été abordé en comité directeur de l’AMF. "D’abord, nous ne décidons pas des règles" rappelle son représentant en Haute-Garonne. "Ensuite, on a légèrement assoupli : on ne demande plus le tampon de la mairie", sourit Jacques Oberti.
Un parrainage citoyen ?
"De toute façon, les maires sont en responsabilité, prévient-il, et ils sont droits dans leurs bottes ! S’ils ont quelqu’un à parrainer, ils le font, ils n’ont rien à cacher. Après, on pourrait imaginer un autre système pour assurer la légitimité des candidats, mais il fallait s’y prendre un peu avant" conclut-il.
De son côté, Jean-Marc Vayssouze-Faure n’est pas non plus fermé à la discussion. "Pourquoi pas une part de parrainages citoyens… mais combien et sous quelle modalité ?", s’interroge le maire de Cahors. "Le système actuel est préhistorique, reconnaît Jean-Philippe Bésiers. Après si les parrainages se font au niveau du parlement, on revient dans la politique pure et dure", admet-il aussi.
De toute façon, la politique c’est devenu un sport de riches
Jean-Philippe Bésiers, maire (Divers Centre) de Castelsarrasin
"Je vais me tirer une balle dans le pied en disant ça, mais de toute façon la politique c’est devenu un sport de riches", assène-t-il sans langue de bois. Pour lui, le coût d’une campagne présidentielle est bien plus sélectif que les 500 parrainages.
Et sur cette Présidentielle, même certains grands partis, notamment à gauche, seront en danger s’ils ne passent pas la barre fatidique des 5% qui permet le remboursement des frais de campagne. Le socialiste Jean-Marc Vayssouze-Faure n’est pas le seul à le penser. "Je regrette qu’il n’y ait pas eu de stratégie de rassemblement", soupire-t-il. D’ailleurs, beaucoup d’élus encartés à gauche attendent encore de voir si la situation évolue avant de décider qui ils vont parrainer.